La coalition gouvernementale allemande a éclaté

C'est la fin de la coalition SPD-Verts-FDP. En janvier, chancelier Olaf Scholz demandera un « vote de confiance » pour ouvrir la voie pour des élections anticipées en Mars 2025.

Olaf Scholz a déclenché la fin de la coalition gouvernementale en Allemagne - après un "vote de confiance" en Janvier, l'Allemagne ira aux élections anticipées en mars 2025. Foto: Frank Schwichtenberg / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Coup de tonnerre à Berlin – lors d’une réunion du comité de coalition, le chef des libéraux FDP Christian Lindner avait proposé hier soir, d’organiser des élections anticipées, ce qui avait provoqué la colère du chancelier Olaf Scholz qui immédiatement, a limogé son ministre des finances, déclenchant ainsi une crise gouvernementale. Dans la soirée, le FDP a quitté la coalition berlinoise et cela veut dire que le gouvernement actuel, n’a plus de majorité au Bundestag. Étrange – le refus d’Olaf Scholz d’organiser des élections anticipées comme l’avait proposé le FDP, le conduit exactement là où Scholz ne voulait pas aller – aux élections anticipées.

Contrairement à la France, où le souverain suprême (non, non, pas le peuple) peut décider sur un coup de tête la dissolution du parlement, la procédure est beaucoup plus compliquée en Allemagne. Pour dissoudre le Bundestag, il faut que le chancelier lui-même demande au parlement la « confiance » et s’il n’obtient pas la majorité des votes, il peut proposer au président fédéral de dissoudre le Bundestag et d’appeler à des élections anticipées. Et c’est exactement ainsi que ça va se passer, comme l’a annoncé Olaf Scholz hier soir. Il va demander un « vote de confiance » au mois de janvier, pour organiser des élections anticipées au mois de Mars.

Si la situation constitutionnelle diffère entre la France et l’Allemagne, force est de constater que les deux pays les plus importants d’Europe, se trouvent désormais dans une crise gouvernementale profonde. Le « moteur européen » Paris-Berlin est totalement à l’arrêt. Pour les trois partis actuellement encore au pouvoir à Berlin, le SPD, les Verts et le FDP, cette évolution signifie la proche insignifiance politique – pendant ce mandat, ils ont apporté la preuve qu’ils ne sont pas capables de diriger le pays. Ceux qui en profiteront, seront les conservateurs de la CDU et – les extrémistes de l’AfD et du BSW.

Les parallèles avec la République de Weimar et l’Allemagne fin des années 20 / début des années 30 du siècle dernier, deviennent de plus en plus frappants. Lorsque l’on considère que des élections législatives étaient de toute façon programmées pour le 28 septembre 2025, l’organisation d’élections anticipées au mois de mars 2025 est étonnante.

En même temps, le FDP et son chef Christian Lindner provoquent cette situation depuis quelques semaines, après avoir compris que le parti libéral avait explosé au sein de cette coalition, sans même parler des autres clivages énormes entre les trois partis. En fin de compte – l’Allemagne aussi, est devenue ingouvernable.

L’extrême-droite AfD peut se frotter les mains. Ainsi, les chefs de l’AfD avaient demande, non sans un certain sarcasme, à ce que chancelier Scholz « rende en dernier service à la nation » en demandant ce « vote de confiance ». Mais cette demande n’était plus nécessaire, Scholz avait déjà annoncé qu’il allait procéder exactement de cette façon.

Pour la fin du mois, plusieurs rencontres entre les gouvernements allemand et français sont prévues – autour des sujets de l’énergie et de la défense, mais en principe, on pourrait annuler ces réunions, car ceux qui discuteront, ne seront plus en poste au début de l’année prochaine. L’Allemagne et la France ingouvernables, c’est une très mauvaise nouvelle non seulement pour les deux pays, mais aussi pour l’Europe.

En Allemagne, on risque de vivre le même scénario qu’après les élections régionales en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg au mois de septembre. Dans aucun des trois Länder, les partis ont réussi à former un nouveau gouvernement, car les extrémistes de l’AfD et du BSW sont si forts qu’il est devenu impossible de former un gouvernement sans la participation d’un de ces partis. La même chose risque d’arriver au niveau national au mois de Mars et l’Allemagne se retrouvera dans la même situation qu’au début des années 30 du siècle dernier, lorsque la République de Weimar ouvrait la voie vers le nazisme.

Une fois de plus, on voit que la montée des extrémistes est directement liée à la faiblesse et incompétence incroyables des partis traditionnels. Mais la France et l’Allemagne ne sont pas les seuls pays qui se retrouvent soudainement dans de telles crises politiques. L’impuissance des dirigeants face aux multiples crises de notre époque pourrait conduire à un chaos politique sans précédent, dont les conséquences ne peuvent même pas encore être évaluées.

Pauvre France, pauvre Allemagne, pauvre Europe – mais toutes les erreurs de casting des dernières années ne pouvaient pas rester sans conséquences. Une partie de la responsabilité incombe aux électeurs et électrices qui ont voté et revoté pour des candidats qui avaient déjà fourni la preuve de leur incompétence. Si 2024 aura été une année très difficile, 2025 s’annonce encore beaucoup pire. Il serait grand temps d’inventer d’autres systèmes politiques – ceux dont on dispose aujourd’hui, ne sont plus adaptés à notre époque.

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