La cocaïne submerge le monde

Le cas de Pierre Palmade rappelle un fléau qui est totalement hors contrôle. Pendant que les autorités rapportent des saisies record, le prix de la poudre blanche ne bouge même pas.

Même des saisies record ne peuvent plus déranger le fonctionnement du marché de la cocaïne. Foto: LT Stephanie Young / Wikiimedia Commons / PD

(KL) – Saisie record en Équateur, 8,8 tonnes de cocaïne d’une valeur estimée de 313 millions d’euros ; plus de 100 tonnes (!) de cocaïne saisies en 2022 dans le port d’Anvers, l’une des plaques tournantes les plus importantes pour le commerce de la cocaïne dans le monde ; 4,5 tonnes saisies au large des Îles Canaries ; 3,2 tonnes saisies au large de la Nouvelle Zélande et cette liste pourrait être prolongée à souhait. Le marché de la cocaïne explose et ces saisies ne constituent, malheureusement, qu’une goutte d’eau dans l’océan.

Pour comprendre l’importance de ce marché, il faut regarder les chiffres. Annuellement, le marché de la cocaïne représente 243 milliards d’euros, ce qui constituerait le 21e PIB au niveau mondial. Même la saisie de 42% de la production mondiale (estimation de l’ONU) ne change même plus les prix dans la rue, les quantités produites étant telles que ces saisies record ne changent plus le fonctionnement du marché. Pour suivre, seconde après seconde, l’évolution de ce marché de la mort, il suffit de cliquer ICI.

L’époque pour la consommation de la cocaïne était considérée comme un « spleen » d’artistes, de musiciens, de poètes et de riches, est révolue. La cocaïne s’est « popularisée », les tarifs ont baissé, la poudre blanche est aujourd’hui disponible un peu partout et consommé par un peu tout le monde. Lorsque l’on regarde certains discours politique, de préférence en période de campagne, et on voit les pupilles noires de certains orateurs dont les discours frôlent parfois l’hystérie, on comprend que la cocaïne a fait son entrée dans toutes les classes sociales, sans distinction aucune.

La cocaïne tue, directement et indirectement. L’organisation hautement criminelle dans les pays producteurs, la corruption de fonctionnaires facilitant le trafic et la distribution, la mollesse du monde politique dans la poursuite de ces criminels – le monde a totalement perdu le contrôle sur ce fléau.

Récemment, après une autre saisie record dans le port de Hambourg, le chef de la police locale soupirait « le pire, c’est que malgré cette saisie, le prix dans la rue ne bougera même pas. » La perte de marchandise est déjà incluse dans le modèle d’affaires des cartels, donc même en cas de saisie importante, cela n’affecte pas vraiment ces cartels qui savent qu’une partie de leur marchandise sera perdue de toute manière.

Le monde politique, le monde économique, les marchés financiers – tout le monde trempe son nez dans ce produit hautement dangereux. L’idée que certains responsables politiques prennent leurs décisions sous l’emprise de la cocaïne est au moins aussi inquiétante que la prise de conscience qu’une partie des automobilistes prend la route après avoir sniffé ce produit.

Le seul moyen pour stopper ce fléau, serait l’intervention dans les pays producteurs, ce que la DEA américaine (Drug Enforcement Agency) tente en vain depuis des décennies, stoppée régulièrement par des politiques corrompus dans ces pays.

Reste donc la triste réalité – une saisie record comme en Équateur, ne signifie rien d’autre que la même quantité vient de passer et arrive sur le marché. Mais il est difficile de penser qu’on mette vraiment tout en œuvre pour gagner cette lutte contre la cocaïne – les 243 milliards d’euros de chiffre d’affaires du marché de la cocaïne racontent une toute autre histoire.

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