La Communauté Politique Européenne (CPE) – l’aveu d’un échec

Que pourra apporter la nouvelle Communauté politique européenne (CPE) créée à Prague lors de la rencontre des chefs d'états et de gouvernements ?

La première réunion de la CPE à Prague. Foto: © Union européenne, 2022 Source - Consilium

(KL) – Quand les 27 états membre de l’Union Européenne et 17 autres pays ainsi que la Commission Européenne et le Conseil Européen créent une « Communauté politique européenne » (CPE), cela ne veut dire autre chose que les institutions existantes ne remplissent pas cette fonction. Mais à quoi servent donc le Conseil Européen, la Commission Européenne et le Parlement Européen, si ce n’est pas pour définir et mettre en œuvre une politique européenne ? Et quid du Conseil de l’Europe ?

Cette nouvelle CPE constitue un désaveu du Conseil de l’Europe, cette institution diplomatique qui regroupe 47 pays, donc également des pays non-membres et qui mène depuis de très nombreuses années, des projets et actions remarquables dans l’ensemble de ces pays. Pourquoi ne pas avoir rattaché une dimension politique à cette institution déjà en place ? Est-ce que l’Europe tente d’imiter le « mille-feuille administratif » français ?

La première réunion de tous ces pays (donc, les 27 qui forment l’Union Européenne, plus l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, l’Islande, le Kosovo, le Liechtenstein, la Moldavie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Norvège, la Serbie, la Suisse, la Turquie, l’Ukraine, le Royaume-Uni (eh oui, malgré le Brexit…), ainsi que la Commission européenne et le Conseil Européen) à Prague, se voulait « informelle », aucune décision ou même déclaration finale n’avait été prévue. Au lieu de ça, de nombreuses rencontres entre les gouvernants, tantôt en tête-à-tête, tantôt en petits groupes. De telles rencontres sont importantes ces jours-ci. Si, il y a un résultat : d’autres rencontres de ce type devront suivre. Ultérieurement. Probablement en 2023 en Moldavie. A ce rythme-là, il ne faut peut-être pas non plus s’attendre à des miracles de la part d’une structure « informelle ». En quoi cette CPE pourra contribuer, dans ce format, à la définition et mise en œuvre de politiques européennes, n’est pas très clair.

Positif : dans le cadre de ces échanges à Prague, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont été invités à terminer leur conflit autour du Haut-Karabach et les deux pays aurait accepté une telle approche.

Après, des observateurs ont exprimé la crainte que cette CPE puisse être une sorte « d’anti-chambre » de l’Union pour faire patienter les pays-candidats qui attendent parfois des décennies avant d’obtenir une réponse finale à leur demande d’adhésion. Considérant que les pays-candidats font déjà partie du Conseil de l’Europe, on peut reposer la question pourquoi ne pas valoriser une structure déjà existante et ayant fait ses preuves, mais créer une nouvelle structure qui dans les faits, n’en est pas (encore?) une ?

Le constat que les institutions européennes existantes ne suffisent pas pour se présenter vis-à-vis du monde comme une « communauté politique », est amer. Au Conseil Européen, siègent les chefs d’états et de gouvernements des 27 – et on ne peut pas y définir la politique européenne ? Et le Parlement Européen ? Il ne peut pas mener de politique européenne non plus ? Il faut une « Communauté Politique Européenne » ? Longue vie à cette nouvelle approche européenne, si elle aura au moins servi pour signaler à Vladimir Poutine que l’Europe est déterminée à faire bloc contre l’agression russe, tout cela aura déjà fait du sens.

2 Kommentare zu La Communauté Politique Européenne (CPE) – l’aveu d’un échec

  1. La Communauté politique européenne n’est pour l’instant que le slogan d’une réunion informelle.

    Si l’on excepte le Kossovo (invité de la Communauté politique européenne) d’une part, et d’autre part Monaco, l’Andorre et Saint-Marin (membres du Conseil de l’Europe), la liste des membres de l’une et l’autre institution est la même.

    Mieux vaudrait-il organiser, tous les six mois, à la veille des conseils européens, un sommet des chefs d’État et de gouvernement du Conseil de l’Europe auquel seraient également conviés les présidents du Conseil européen, du Parlement européen et de la Commission européenne.

    • Totalement d’accord. Créer un mille-feuilles administratif européen ne servira à rien. Valoriser le Conseil de l’Europe de la façon que vous proposez, serait la bonne approche.

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