La COP28 est une mauvaise blague
Quand le président de la COP28, Sultan Ahmed Al Jaber, estime que la science se trompe et qu'on peut continuer à brûler des énergies fossiles, cette conférence ne sert strictement à rien. Sauf le « Green Washing » de Dubaï.
(KL) – « Si nous ne réussissons pas la sortie des carburants fossiles lors de cette COP28, des millions de personnes seront menacées par le changement climatique », disait l’éminente scientifique Friederike Otto de l’Imperial College à Londres. Face au réchauffement climatique qui s’accélère de plus en plus et en vue des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes, la science est d’accord sur la nécessité de sortir des énergies fossiles. Mais cela ne correspond pas aux opinions du président de cette COP28, le Sultan Ahmed Al Jaber. Lors de cette conférence qui draine pas moins de 70.000 délégués à Dubaï, Al Jaber, par ailleurs chef de l’entreprise pétrolière de son pays, préfère se vanter des « progrès palpables » et se fait fort pour continuer à utiliser les énergies fossiles. A se demander à quoi sert cette conférence aux dimensions extraordinaires.
Déjà, il faut être vraiment optimiste pour croire que les objectifs définis lors des dernières COPs, à savoir la limitation du réchauffement climatique à 1,5 degrés par rapport à l’époque avant l’industrialisation du monde, puisse encore être atteint. Actuellement, le monde se dirige, à l’horizon 2050, plutôt vers un réchauffement de 2,5 à 3 degrés et rien n’indique que cette évolution puisse être stoppée, surtout dans la mesure où les deux plus grands pollueurs, les Etats-Unis et la Chine, ne font rien pour arrêter cette descente aux enfers climatiques.
Seulement, le président de la COP28 Sultan Ahmed Al Jaber n’est pas d’accord avec la science. Celui qui dirige l’entreprise ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company), un géant énergétique qui réalise un chiffre d’affaires dépassant les 60 milliards de dollars avec ses 55.000 salariés, se fait avocat des énergies fossiles dont vit son pays. Et avant même la mi-temps de cette COP28, elle est déjà un échec. Chacun prêche pour sa propre paroisse et ses propres intérêts et force est de constater que ceux qui devraient d’urgence changer leur comportement, restent sourds face aux appels du monde de sauver le climat et la Terre. Business is business…
Mais à quoi sert donc cette COP28, si ce n’est pas le « Green Washing » de Dubaï ? Déjà cette conférence constitue dans son format un scandale environnemental, mais lorsque l’on considère ce déni de la science qui, depuis 1960 et le Club of Rome, tire la sonnette d’alarme, il faut craindre le pire. Comprendre : la Terre perd sa course contre la pollution et le changement climatique avec les conséquences qui sont connues depuis longtemps.
Dans une visioconférence, Al Jaber avait expliqué à des représentants de l’ONU qu’un « développement sans les énergies fossiles serait impossible, à moins de vouloir catapulter le monde à l’Âge de Pierre. » Si cette prise de position n’a pas été démentie par Dubaï ou l’intéressé, un porte-parole d’Al Jaber s’est plaint que la critique par rapport à ce déni de la science de son patron, n’était « qu’une nouvelle tentative de miner la présidence de la COP28 qui elle, est transparente et apporte des succès palpables ». Si personne ne peut dire de quel « succès palpables » il s’agit, Al Jaber a au moins conclu quelques nouveaux contrats de fourniture de pétrole en amont de la conférence.
Depuis des décennies, les scientifiques ont développé des modèles qui dessinent déjà aujourd’hui, les conséquences désastreuses du changement climatique. Selon ces modèles, en 2050, Paris sera située au bord de la mer et une bonne partie du littoral français aura disparu dans la mer, sans parler de pays comme les Pays-Bas ou la Belgique, pour ne citer qu’eux.
Pour les marchands d’énergies fossiles et les plus grands pollueurs, le littoral français ou néerlandais n’a aucune importance. Les intérêts des actionnaires priment sur tout et il ne faut surtout pas irriter « les marchés », qui pourraient réagir à tout ce qu’il pourrait affecter les bénéfices pharaoniques des grands groupes énergétiques qui souvent, se trouvent entre les mains des états.
Les grands perdants de cette COP28 sont déjà connus : d’abord la Terre qui dans pas longtemps, ne pourra plus supporter la pollution effrénée et aussi le bon sens. Si aujourd’hui, lors d’une conférence comme la COP28, on se met à mettre en doute des décennies de travaux scientifiques, on peut autant arrêter d’organiser de telles conférences qui nécessitent 140.000 vols pour les 70.000 participants. Ce qui manque pour sauver notre planète, c’est la volonté des puissants qui eux, obéissent sagement aux commandes du « Big Capital ». Tant qu’on peut gagner de l’argent en polluant notre planète, rien ne changera. Espérons que la COP29 se déroulera en visioconférence, sans que personne n’ait à se déplacer pour participer.
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