La Coupe du Monde 2022 au Qatar en plein hiver

Le Khalifa Stadium à Doha - tout est mis en oeuvre pour faire plaisir aux grands financiers de la FIFA. Foto: Martin Belam, Walthamstow, London / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – «Le sport», nous répètent les fonctionnaires des fédérations, «ne doit pas se mêler de la politique» – mais le contraire est vrai. Le sport ne cesse de se mêler de la politique, crédibilisant le plus offrant. Ainsi, la Russie a mené une campagne de charme en organisant les JO d’hiver à Sotchi, une course de Formule 1 dans la même ville et elle s’est fait accorder la Coupe du Monde de football 2018.

En ce qui concerne l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, la FIFA avait elle-même relevé des cas de corruption, tout en estimant que ce n’était pas assez grave pour revenir sur la décision. Et puisque les Blatter & Cie. ignoraient qu’il fasse vraiment chaud au Qatar en été, ils veulent maintenant organiser cette Coupe du Monde en hiver 2022, bousculant l’ensemble des calendriers du football mondial. Pour ne pas froisser les cheiks qui avaient payé le prix fort.

L’hypocrisie des grandes fédérations sportives n’a pas de limites – que ce soit le Comité Olympique, la FIFA ou d’autres fédérations qui n’hésitent pas à soutenir des régimes pour le moins douteux, pour se faire photographier avec les potentats sur les tribunes d’honneur. Ce sont les «esclaves» qui meurent par dizaines sur les chantiers au Qatar qui en font les frais et le sport international – se tait.

Pourtant, les fédérations nationales ne peuvent pas se dédouaner en haussant les épaules – ce sont elles qui élisent leurs patrons qui eux, agissent pour leur compte et en leur nom. Le chef du Comité Olympique Thomas Bach et le patron de la FIFA Joseph Blatter ne sont pas de «catastrophes naturelles» contre lesquels on ne peut rien, mais ce sont des fonctionnaires élus qui agissent pour les fédérations nationales. Qui elles, pourraient dire «Stop, ça suffit !»

Incroyable que le staff de la FIFA se montre surpris quant aux conditions de la météo en été dans le désert. N’importe quel gamin de 5e aurait pu les renseigner. Le sport du haut niveau en plein été, cela fait penser à la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis – les équipes devaient jouer à midi des températures allant jusqu’à 40 degrés et se trouvaient à la limite de la déshydratation – tout cela pour arranger les retransmissions à la télévision à des horaires arrangeant les Européens. Pour éviter de faire jouer les sélections nationales en 2022 à 50 degrés, la FIFA veut donc décaler le tournoi en plein hiver. Bonjour le «public viewing» sous la neige…

Pourquoi est-ce que les fédérations nationales ne se rebiffent pas ? Pourquoi la FFF et le DFB ne demandent pas à ce que l’attribution des deux prochaines Coupes du Monde soit votée une nouvelle fois ? Pourquoi ne font-ils pas le ménage au sein de fédérations qui avouent publiquemement être corrompues et qui servent les intérêts de gens comme Vladimir Poutine ou les dynasties pétrolières au Qatar ? Si les sélections nationales refusaient de participer à ces «shows» politiques et financiers, la FIFA pourrait toujours essayer d’organiser une Coupe du Monde…

Mais la corruption semble avoir trouvé sa place dans le monde du sport. Et tout le monde semble plus ou moins accepter cet état des choses. Lamentable.

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