La Cumbre Vieja : au-delà du scoop…

L’éruption du volcan canarien a fait l’objet d’un important traitement médiatique lors de sa survenue, mais tant qu’il ne provoque pas de dégâts hors de l’archipel, il intéresse peu les médias des autres pays européens.

Les images des équipages et des véhicules des services de secours, font toujours médiatiquement recette en temps de crise. Foto: Eduardo Robaína / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Depuis maintenant deux semaines, l’éruption de la Cumbre Vieja, occupe une bonne place dans de nombreux médias espagnols, dont Radiotelevisión Española (RTVE). Comme aujourd’hui dans l’opinion publique, le visuel l’emporte sur le factuel, les reportages des chaînes de télévision suscitent pour certains, des réactions tantôt indignées tantôt élogieuses, comme par exemple pour tel reporter qui s’était trop approché de la coulée de lave, et telle télé-journaliste qui a interrompu son direct pour, avec son cameraman, aider les sinistrés à rapidement charger leurs affaires dans un fourgon.

Quand dans d’autres pays d’Europe, une fois le scoop du début de l’éruption épuisé, ce volcan n’intéresse plus la presse, sauf si le vent rabat ses fumées et cendres vers le continent. En Espagne et plus spécifiquement aux Iles Canaries, les médias sont à son chevet et auprès des populations sinistrées. Tant en Espagne continentale que dans l’archipel canarien, se manifeste un remarquable élan de solidarité, dont les médias du reste de l’Europe font peu de cas.

Évidemment, les pluies acides pouvant éventuellement toucher l’ouest et le sud de l’Europe, ou mieux encore l’hypothétique survenue du méga-tsunami causé par l’effondrement du volcan, sont infiniment plus vendeurs que ce loueur d’autocaravanas (campings-cars) de la région de Toledo, qui met à disposition sa flotte de véhicules pour transporter vivres et matériel du centre vers le sud du pays, d’où l’aide est transportée par bateaux vers l’archipel. Idem pour cette jeune femme, créatrice d’un refuge pour les animaux domestiques en errance ou sans toit, car leurs propriétaires sont sinistrés.

Et que dire de ces fermiers qui se montrent solidaires envers leurs confrères, en hébergeant gracieusement leur bétail. Heureusement pour tous, bêtes et gens, l’élevage dans l’archipel et notamment à La Palma, n’est pas complètement sous l’emprise du virus du gigantisme. Ce sont plutôt les bananeraies qui occupent de la surface agraire, notamment en bord de mer et sur les falaises. Comme le montrent plusieurs vues aériennes, dont la fin d’une vidéo de la RTVE, certaines sont dans l’axe de la coulée de lave, juste avant qu’elle se jette dans la mer.

Du point de vue des géographes et des géologues, avec la coulée de lave se jetant dans l’océan, l’île gagne de la superficie. Une surface évidemment pour l’heure totalement inhabitable, mais l’histoire des volcans, notamment dans les régions aux climats favorisant l’implantation humaine, montre qu’ils sont intimement liés au développement des peuples qui les entourent. A La Palma comme dans d’autres endroits du monde, même s’il détruit sur le passage de son magma et provoque de nombreuses perturbations, le volcan contribue à la vie. A travers le prisme des Sciences de la Vie et de la Terre, l’éruption en cours ne doit pas être considérée comme un cataclysme total, mais cela n’empêche pas la solidarité nécessaire envers les sinistrés. Pour ce faire, il faut s’informer régulièrement : ce qui donnera lieu à un prochain article.

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