La Danske Bank lave plus blanc

Une infraction ? Où ça ?

En Europe, on lave plus blanc Foto: Leif Ornelund/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Eh bien, à quoi sert-elle, l’Autorité Bancaire Européenne ? On lui avait demandé d’enquêter sur l’Opération Bonux qu’a pratiquée la Danske Bank ces dernières années : le blanchiment d’une somme énorme provenant à l’évidence de pittoresques mafias russes et azerbaïdjanaises et de certain homme d’affaires arménien fort complaisant (https://eurojournalist.eu/den-danske-bank-le-piege-russe/). Mais l’Autorité a clos l’enquête ! Que s’est-il passé ?

Voilà : il ne s’est rien passé. Il semble que le véritable problème, comme dans des domaines sans doute moins graves, c’est l’absence de décision européenne unifiée et les limites de l’intergouvernementalité : les autorités nationales, en effet, se sont visiblement protégées les unes les autres, et ont paralysé ainsi l’action de l’Autorité Bancaire Européenne (ABE). Encore une fois, ce n’est pas l’ «Europe» qui est en cause, mais l’insuffisance d’Europe…

L’enterrement discret du monstre blafard serait passé bien plus facilement inaperçu si Valdis Dombrovskis, le commissaire européen en charge des finances, n’avait pas agité la clochette. Dans un tweet émis hier, le vice-président letton de la CE a fait part de sa déception quant à l’inaction de l’ABE face à «l’un des plus grands scandales de blanchiment d’argent en Europe». Il estime que l’ABE nécessite une transformation de la manière dont y sont prises les décisions , et non pas seulement un accroissement de son pouvoir comme il avait été proposé voici quelque temps.

C’est le 17 avril que le superviseur bancaire a déclaré l’enquête close. Mais qu’en est-il des «possibles» infractions à la législation européenne des autorités financières danoise et estonienne ? La machine à laver a tourné pendant huit années, à Copenhague et à Tallinn, de 2007 à 2015 ; elle a blanchi 200 milliards d’euros, à partir des comptes de ressortissants russes et azerbaïdjanais principalement. Le 16 avril, les autorités de surveillance de l’ABE ont rejeté par vote une proposition visant à constater une infraction au droit de l’Union Européenne…

Alors, pas d’infraction ? Pourtant, le rapport d’enquête en avait identifié 4 dans la supervision de la Danske Bank ; des mesures avaient alors été recommandées. Le Conseil des autorités de surveillance a donc refusé de voter pour la qualification d’infraction : sur les 29 membres, un nombre important se sont abstenus…

La lutte contre la criminalité financière est l’une des actions les plus difficiles à mettre en place . Inertie des gouvernement nationaux, qui craignent qu’on fourre le nez dans leurs affaires, forte pression des lobbies, institutions inadéquates, comme le remarque fort bien Valdis Dombrovskis : il y a fort à faire encore avant de pouvoir espérer ne serait-ce qu’une imperceptible tache sombre dans la trop grande propreté des milliards d’euros volés aux citoyens européens… et russes !

Une intégration européen achevée – et démocratique, notamment par le moyen de la transformation des relations entre Commission et Parlement – y aiderait grandement.

 

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