La Défense Européenne devient une réalité

On se dirige donc vers une Défense Européenne - mais quelles sont les valeurs qu'elle est censée défendre ? Foto: Francisco Santos / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – En principe, il faudrait se réjouir que l’Union Européenne soit en train de réussir un accomplissement commun – la « Défense Européenne » décidée au mois de novembre et qui démarrera avec 17 projets de défense communs. Les ministres des affaires étrangères se seraient mis d’accord sur ces 17 projets lors d’une réunion à Bruxelles. Dommage que cette Europe n’arrive pas à agir aussi harmonieusement que lorsqu’il s’agit de mesures qui profitent à l’emploi en Allemagne et en France…

Sur la liste des projets de la « Défense Européenne », la mise en œuvre d’un commando de secours, des hubs logistiques, un centre de formation pour formateurs militaires, une meilleure surveillance maritime et le développement commun de véhicules militaires. Est-ce que la sécurité en Europe s’en trouvera améliorée ? Ou est-ce qu’il s’agit d’une sorte de programme conjoncturel visant à sécuriser les emplois dans l’industrie de l’armement chez Rheinmetall, Dassault & Cie. ?

Si de nos jours, il convient d’applaudir toute initiative européenne, celle-ci pose aussi problème. Est-ce que l’Europe dispose d’une doctrine militaire commune, en dehors de celle de l’OTAN ? Qui décide d’éventuelles interventions de cette « armée européenne » ? Quelles valeurs doit défendre cette « Défense Européenne » – considérant que ces « valeurs » ne sont pas les mêmes dans les 27 états-membre ?

Une telle harmonie européenne, on aimerait la voir aussi dans d’autres dossiers européens comme dans le domaine social, dans le domaine fiscal, dans la gouvernance de cette Europe tout court. En l’état, cette « Défense Européenne » profitera avant tout à l’industrie de l’armement; et il ne faut pas oublier que la France et l’Allemagne sont les 2e et 3e exportateurs d’armes du monde. Donc, tout ce qui se fera de nouveaux développements, de l’équipement de nouvelles structures commune, se traduira automatiquement en commandes juteuses pour cette industrie.

Pour une véritable relance européenne, nous n’aurons pas le choix – à un moment donné, il faudra définir les « valeurs européennes » dont tout le monde parle sans que ces valeurs n’aient jamais été concrètement définies et construire une nouvelle Constitution Européenne et un « règlement interne » des institutions sur la base de ces valeurs. Différentes organisations, think tanks et associations mènent un travail courageux en vue d’une nouvelle définition de l’Europe – qui doit passer par une sorte « d’Etats Généraux Européens » qui pourraient être le premier test grandeur nature pour la « liquid democracy », car les moyens techniques dont on dispose, permettraient une telle consultation des 500 millions d’Européens et Européennes en ligne. On attend quoi ?