La dégringolade

Les élections régionales en Bavière ont confirmé une tendance européenne – l’implosion des partis « traditionnels ». Bientôt, il n’en restera plus qu’un souvenir…

Un Marcus Söder franchement affaibli devra maintenant trouver un partenaire de coalition. Pas évident. Foto: ScS EJ

(KL) – Le terme « élections régionales » en Bavière peut induire en erreur quant à l’importance de ce scrutin. En effet, 13 millions d’électeurs et électrices étaient appelés aux urnes, et ils ont réussi à chambouler le paysage politique allemand de manière spectaculaire. Les partis « traditionnels » poursuivent leur descente aux enfers, l’extrême-droite AfD entre, tout comme les libéraux du FDP, dans la diète à Munich, et les grands gagnants sont les Verts et les « Electeurs libres », une formation de centre-droite. Le SPD, lui, glisse en dessous de la barre psychologique des 10%, et Die Linke échoue à la barre des 5%.

Les chiffres : la CSU reste le parti le plus fort avec 37,2% des votes (-10,4%), suivi par les Verts (17,5 – +9,1%), les « Electeurs libres » (11,6% – +2,5%), l’AfD (10,2% – nouveau), le SPD (9,7% – -11,0%) et le FDP (5,1% – +1,8%). Ceci conduit à deux coalitions possibles : la CSU pourrait former une coalition avec les « Electeurs libres », une coalition qui ne représenterait qu’une courte majorité. L’autre option, qui déplaît autant à la CSU que les Verts, serait une coalition entre ces deux partis – qui disposeraient ensemble d’une majorité très stable.

Mais si l’idée d’une coalition CSU-Verts déplaît fortement à la majorité des adhérents de la CSU, elle semble s’imposer. Car les premières analyses montrent que la CSU a remporté la mise dans les régions rurales, mais dans les 8 grandes villes bavaroises, ce sont les Verts qui pointent en tête. Du côté des Verts, les responsables ont déjà envoyé des signaux hier soir indiquant que les écologistes seraient prêts à discuter d’une telle coopération. Même son de cloche chez les « Electeurs libres » qui se considèrent comme une sorte de partenaire naturel de la CSU. La CSU, elle, aimerait former cette coalition avec les « Electeurs libres », mais les électeurs se sont clairement prononcés en faveur d’une coalition avec les Verts. Un vrai casse-tête pour la CSU.

L’extrême-droite AfD a obtenu 10,6% des votes, un score qui devrait décevoir le parti néo-nationaliste qui avait secrètement (et parfois publiquement) flirté avec l’idée de gagner jusqu’à 20%. Ce résultat confirme d’une part que l’extrême-droite s’est réellement installée dans le paysage politique allemand, mais d’autre part, l’essor fulgurant du parti d’extrême-droite semble au moins freiné. Le SPD, lui, perd plus de la moitié de ces électeurs pour tomber en dessous des 10% – une vraie gifle électorale.

Les Verts sont les grands gagnants de cette élection. Parti le plus fort dans les grandes villes bavaroises, les Verts peuvent postuler légitimement à une participation au nouveau gouvernement bavarois. Toutefois, le courant ne passe pas du tout entre le ministre-président Markus Söder qui sera reconduit dans ses fonctions et les écologistes. Mais si Söder devait opter pour une coalition avec les « Electeurs libres », cela serait considéré à juste titre comme le mépris du résultat des urnes.

Ces résultats secoueront le monde politique non seulement en Bavière, mais également au niveau national. Les deux partis au pouvoir à Berlin perdent ensemble plus de 20% des électeurs et hier soir à Berlin, la chancelière Angela Merkel était autant remise en question que la chef du SPD, Andrea Nahles. Le résultat bavarois est tel qu’il ne pourra pas rester sans conséquences sur le plan national.

La chef du SPD Andrea Nahles a annoncé hier soir qu’elle estime que les échecs et querelles permanentes au sein de la « Grande Coalition » à Berlin, seraient à l’origine de la dégringolade du SPD. Donc, elle réfléchit à voix haute à une sortie de la coalition au gouvernement fédéral, ce qui conduirait l’Allemagne dans une impasse politique.

Les plaques tectoniques du paysage politique en Allemagne ont commencé à bouger hier soir en Bavière. On saura rapidement si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle.

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