La démocratie s’auto-abolit

Les Bolsonaro, Erdogan, Trump, May, Salvini ou Orban ne sont pas arrivés au pouvoir par la violence. Ceux qui veulent mettre un terme à la démocratie, ont été démocratiquement élus.

Ensemble, nous pouvons changer le cours des choses. Profitons-en tant que nous le pourrons... Foto: Montanasuffragettes / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Non, ils ne sont pas des phénomènes naturels comme la sècheresse ou une tempête. Les personnages qui dictent actuellement l’actualité mondiale ont pour la plupart été élus démocratiquement. Pourtant, ils ne cachent pas leur mépris pour la démocratie, leur penchant pour la violence d’Etat, leur déni des droits civiques. Mais pourquoi les peuples du monde votent-ils pour ceux qui roulent uniquement pour les intérêts des marchés financiers, en opprimant leurs peuples ? La réponse est à chercher sur le plan psychologique.

Au Brésil, 52 000 000 de personnes ont voté pour Bolsonaro, le représentant d’une extrême-droite identitaire qui n’a jamais caché sa sympathie pour les régimes totalitaires. Est-ce que cela veut dire que 52 000 000 Brésiliens adhèrent à ses idées ? Non. Ces 52 000 000 Brésiliens ont voté pour une présumée sécurité et une supposée stabilité. Un pays comme les Brésil, marqué par la violence urbaine et la pauvreté rurale, rêve de calme et d’une vie paisible. Et puisque les partis traditionnels ne sont pas en mesure d’établir cet ordre, les gens se rabattent sur ceux qui promettent un ordre rigide qui s’impose par la force des armes. Un discours anxiogène et nationaliste aidant, « le peuple » se retrouve dans les discours des extrémistes. Pourtant, tout le monde sait que jamais, un système totalitaire n’a pu apporter des solutions aux problèmes d’un pays, au contraire. Mais actuellement, les gens ne votent plus pour des concepts politiques, mais pour le « sur-père ».

L’histoire nous montre où les « sur-pères » conduisent leurs pays. Les « hommes forts », les autoritaires, ce sont les Hitler, Staline, les Saddam et Ghadaffi, les Assad et les Poutine. Pour ne citer qu’eux. Quelles solutions proposent-ils à leurs peuples ?

Nous, en Europe, nous sommes en proie du même phénomène. Les élections en Pologne, en Italie, en Turquie et ailleurs nous le montrent – la peur génère la haine et l’exclusion et le discours nationaliste fait le reste. La catastrophe commence toujours par un déni de la démocratie, donc de la volonté du peuple. Les « hommes forts » se plaisent à afficher ouvertement leur mépris pour cette volonté du peuple, souvent en annonçant vouloir gouverner en contournant les assemblées démocratiquement élues, soit par une gouvernance par décret, soit par la force des armes. Le désir d’ordre fait que les gens les applaudissent des deux mains (jusqu’à ce que le régime se tourne vers eux…).

Au mois de mai 2019, les Européens et Européennes sont appelés à voter pour le nouveau Parlement Européen. A nous de déterminer qui s’exprimera désormais en notre nom. La composition actuelle de ce parlement, ce sont des hommes et des femmes politiques ayant voté en faveur du glyphosate, qui ont voté des valeurs d’émissions qui arrangent bien les lobbys de l’automobile, qui n’ont rien fait contre le « système Juncker » qui permet aux plus grandes entreprises mondiales d’économiser les impôts, qui n’ont pas pesé sur les conflits internationaux et qui n’ont pas été à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui. Au lieu de bouder ces élections, il convient d’aller voter et d’arrêter de donner, comme des lemmings, nos votes à ceux qui sont responsables de la plupart des crises européennes.

Pour la première fois, nous courons le risque de nous retrouver avec un Parlement Européen composé majoritairement d’eurohostiles. A nous d’empêcher cela, à nous de donner un mandat aux candidats et candidates de réformer, enfin !, les institutions européennes. Votez pour ceux qui proposent une Europe fédérale et opérationnelle, votez pour ceux qui ne veulent pas sacrifier les idéaux européens aux intérêts de la spéculation internationale, votez pour ceux qui savent encore ce que « Droits de l’Homme » veut dire. Chassez les vieux crocodiles qui se sont confortablement installés dans les institutions européennes et qui trahissent quotidiennement ces valeurs qui jadis, justifiaient la désignation « fief des Droits de l’Homme » ! Ne vous détournez pas de la politique, car si vous laissez le champ libre aux extrémistes, vous vous retrouvez avec des Bolsonaro, Erdogan, Trump, May, Salvini ou Orban. Et de ceux-là, on en a déjà plus qu’assez.

1 Kommentar zu La démocratie s’auto-abolit

  1. On récolte ce que l’on sème…sur cette saison on ne pourra rien faire sinon apprendre et mieux faire pour la prochaine en espérant ne pas mourir de faim. Beaucoup vont mourir et c ‘est déjà la cas entre guerres, famine, maladies et suicides….;chaque pays sa méthode. Les plus faibles vont céder. Ensuite un autre cycle reviendra, nous n’en ferons plus partie, mais nous aurons peut-être la responsabilité d’avoir cultivé et mis de coté les bonnes graines. Nous ne profiterons plus d’une belle récolte, nous en serons les responsables néanmoins. Mais quand nous aurons épuisé la terre, la terre se débarrassera des nous pour s’autorégénérer seule. Ce n’est pas une catastrophe, c’est une logique impitoyable qui est celle de la Nature. Certains individus le savent mais ont fait le choix de voler un patrimoine commun pour le confort de quelques dizaines années de vie. Nous sommes coupables de les laisser faire. Nous méritons tous que la Nature se débarrasse de nous. Pleurer sur le lait versé ne sert à rien. Ce que nous pouvons faire? Voter correctement pour l’Europe 2019. Barrer la route aux lobbies.

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