La « dernière année » de Joan Manuel Serrat

Dernière année de scène d’un artiste catalan bien connu du monde hispanophone, et auquel nous souhaitons encore des jours heureux.

Joan Manuel Serrat à l’Assemblée Nationale de la République d’Équateur, lors de sa réception du prix Adalberto Ortiz. Foto: Asemblea Nacional del Ecuador / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – La presse espagnole l’a annoncé début décembre, l’auteur-compositeur et interprète Joan Manuel Serrat i Teresa, plus connu sous Juan Manuel Serrat, entame sa dernière année de vie publique qu’il conclura avec une tournée se terminant le 23 décembre 2022 à Barcelone, sa ville natale. Mais qui est donc cet artiste et pourquoi en parler ici ?

Comme Michel-Ange de Costa Magellan alias Miguel Ângelo appartient au monde musical du Portugal, Joan Manuel Serrat i Teresa dit Juan Manuel Serrat fait partie de la galaxie musicale de l’Espagne. Mais sa renommée dépasse les limites de la Péninsule Ibérique. Nombre d’artistes et d’auteurs hispaniques, lui ont jusqu’ici rendu hommage. Un mouvement qui n’est pas près de s’estomper, d’autant plus que Joan Manuel Serrat attribue en grande partie son retrait de la scène à la pandémie de Covid-19.

Voulant saluer personnellement son public, il n’aimerait pas que la « peste » lui fasse quitter la scène prématurément, confie-t-il dans une interview publiée par El País. L’artiste fait un retour sur sa vie, s’estimant actuellement heureux. Il a vu mourir ses parents, ses enfants ne sont pas partis à la guerre et il a des petits enfants. Une vie simple pour ce septuagénaire né quatre ans après la fin de la Guerre Civile, mais exilé au Mexique un an avant la fin du franquisme, car condamné à mort par le pouvoir fasciste.

Il faut dire que ce fils de militant anarchiste catalan, n’était pas en odeur de sainteté dans les milieux soutenant le caudillo. Défendant dans ses chansons le catalan, langue de son père, il devint une des figures de proue du mouvement « Nova Cançaó ». Sélectionné pour représenter l’Espagne au Concours de l’Eurovision de 1968, il voulut y chanter en catalan ce qui lui attira les foudres du pouvoir franquiste et le rendit victime d’une farouche campagne de dénigrement.

C’est Massiel alias María de los Ángeles Felisa Santamaría Espinosa qui, avec la version castillane de « La, la, la » remporta le concours, battant Cliff Richard qui interprétait alors « Congratulations ». Mais quand Joan Manuel Serrat chantait en castillan, il était considéré comme un traître par des Catalans obtus ! Ce qui n’a pas empêché certaines de ses plus de quatre cent chansons, d’occuper une place dans la vie de quatre générations. Docteur honoris causa de onze universités espagnoles et latino-américaines, il a remporté un nombre phénoménal de prix, sauf celui « Princesa des Asturias » pour lequel il a postulé a plusieurs reprises sans succès.

« A quien coresponda » ainsi que « Hoy puede ser un gran dia » sont avec « Mediterráneo » des chansons cultes. Dans le quotidien numérique Vozpópuli, Luis Algorri qualifie Joan Manuel Serrat de symbole vivant de la liberté et de la libre pensée. L’associant au jaune du genêt scorpion (genista scorpius) mentionné dans « Mediterráneo », se contentant de sols pauvres, très utile à plus d’un titre, mais piquant cruellement ceux qui ont la manie d’imposer aux autres ce qu’ils doivent faire ou penser, il souligne son attachement au Bassin Méditerranéen.

« Si un jour la sinistre faucheuse vient me chercher
[…] enterrez-moi sans pleurer
Entre la plage et le ciel
Sur une colline
Plus haut que l’horizon
Je veux avoir une bonne vue
Mon corps sera un chemin
Je donnerai du vert aux pins
Et du jaune à la genista
Près de la mer, parce que
Je suis né en Méditerranée »

Quelques vers de cet hymne à la Méditerranée, chanson d’une autre tenue que celle d’un certain Constantin Rossi dit Tino…

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