La désobéissance civile

En « piratant » les affichages de la nouvelle enseigne « Primark », les groupes « ANV-COP21 » et « Extinction Rébellion » ont attiré de manière non-violente l'attention publique sur l'abandon de nos centre-villes aux marques multinationales.

Une action non-violente vaut 1000 fois plus qu'une vitrine brisée... Foto: privée

(KL) – Ce temps-ci, quasiment tout le monde râle. Injustices sociales, réforme des retraites, Gilets Jaunes, corruption à tous les étages : la liste des raisons au mécontentement généralisé pourrait être prolongée à souhait. Au moment où ce mécontentement trouve une expression de plus en plus violente, des actions non-violentes sortent un peu du lot. Avec une dose d’humour, les groupes « ANV-COP21 » et « Extinction Rébellion » ont fait passer un message que personne n’aurait entendu s’il avait été présenté sous une forme violente.

Dans un communiqué de presse, les deux groupes ont expliqué ce « piratage » des affiches de « Primark » : ils souhaitent « dénoncer l’inaction de la municipalité dans la lutte contre l’implantation d’enseignes nocives pour le climat et le droit des travailleurs. » Qui pourrait leur donner tort ? L’un après l’autre, les petits commerces au centre-ville doivent jeter l’éponge et se font remplacer par des enseignes de « fast food », « fast fashion », « fast consommation » – les larmes de crocodiles des responsables n’y changent rien – ce sont eux qui donnent les autorisations nécessaires à cette mise à mort commerciale des centre-villes.

On a beau manifester pour le climat, contre le travail d’enfants dans le tiers monde, contre la surconsommation – rien ne change. Dans ce contexte, l’action de « ANV COP21 » et « Extinction Rébellion » est bien pensée. Ils n’ont pas caillassé les vitrines de ce nouveau temple de la mode jetable produite par des petites mains dans des pays lointains, ils n’ont pas mis des graffitis sur l’enseigne, ils n’ont pas causé de dégâts, mais ils ont réussi à faire réfléchir les Strasbourgeois, avec créativité et humour.

Cette action contraste sympathiquement avec les violences ambiantes et devenues un rituel que la France vit, depuis novembre 2018, quasiment tous les week-ends. Oui, d’accord, il fallait vite remettre les affiches d’origine pour que rien ne puisse perturber la prochaine ouverture de cette enseigne. On pourrait qualifier cette action de désobéissance civile, d’une expression non-violente contre un monde où le capitalisme sauvage tue nos sociétés à petit feu. Cette désobéissance civile, d’ailleurs, fait partie intégrante des Droits de l’Homme qui disent clairement qu’un peuple dont le gouvernement agit contre ses intérêts, a le droit et même la mission de se révolter. Quand cette révolte prend la forme d’actions non-violentes comme celle autour de la nouvelle enseigne « Primark », franchement, il n’y a rien à redire.

Quelques liens utiles autour de ce sujet :

1. Le 07/09/2016, Rue89 Strasbourg annonçait une ouverture en 2018
2. Infographie “La mode sans dessus-dessous” de l’ADEME
3. Fashion United
4. L’effondrement du Rana Plaza en Inde
5. Communiqué de l’Eurométropole se félicitant de l’adoption du PCAET
6. Primark : des salariés dénoncent des conditions de travail cauchemardesques, L’Obs
7. Publication de lancement
8. Membres de la coalition : Collectif Éthique sur l’Étiquette Alsace, ANV-COP 21 Strasbourg, Alternatiba Strasbourg, Zéro Déchet Strasbourg, Extinction Rebellion Strasbourg, CCFD-Terre Solidaire Alsace, Oxfam Strasbourg, Labo Citoyen Strasbourg, Résistance à l’Agression Publicitaire et Emmaüs Mundo
9. L’appel de 1 000 scientifiques : “Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire”, Le Monde
10. Jugement des décrocheurs de Lyon du 16/09/19

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