La diplomatie franco-allemande opère avec un mauvais timing

En Géorgie, Laurent Fabius et Frank-Walter Steinmeier font le bon geste, mais au mauvais moment.

A Tblissi, est-ce que Fabius (à g.) et Steinmeier (à d.) voulaient provoquer Lavrov (milieu) ? Foto: Sebastian Zwez / Wikimedia Commons / CC-AG 3.0

(KL) – En Ukraine, une guerre non-déclarée a commencé, la Russie, les USA et l’OTAN se menacent de plus en plus ouvertement et c’est dans cette ambiance plus que tendue, les deux ministres des affaires étrangères sont allés à Tblissi en Géorgie pour y préparer un traité d’association entre l’UE et la Géorgie qui devrait être signé d’ici la fin du mois de juin. Cela ressemble fort à la réponse du berger à la bergère. Mauvais timing.

On comprend aisément que les anciennes républiques soviètiques soient inquiètes par rapport à la politique de Vladimir Poutine qui semble estimer qu’il est de son droit de ramener les anciennes républiques vers la Russie. Avant que Poutine ne puisse intensifier son regard sur d’autres anciennes républiques soviètiques, on aimerait bien y créer des faits. Comme une association rapide avec l’UE.

Ce traité que Steinmeier a décrit comm une «borne importante dans les relations entre la Géorgie et l’UE» aurait pu attendre le dénouement de la situation en Ukraine. Et on est en droit de se poser la question si cette précipitation ne constitue pas une provocation pour Poutine qui lui, n’attend que ça pour s’engager militairement.

L’UE ne peut pas demander à la Russie et aux Etats-Unis de se modérer pour donner la place à des négociations, tout en continuant de mener sa propre politique dans cette région à haute tension. Il faut se rendre à l’évidence – dans le conflit européen, l’UE n’est pas l’arbitre neutre qui surveille la situation, mais l’Union est un des partis dans ce conflit, comme la Russie, les USA et l’Ukraine.

Actuellement, on a l’impression que tout le monde s’efforce pour déclencher un conflit qui sera difficile à contenir et qui démarre dans une région propice à allumer un feu énorme dans toute cette région. Ce qui correspond probablement aux plans de Vladimir Poutine.

Si on veut crédibiliser la politique étrangère européenne, déjà assez mal interprétée par la malheureuse Catherine Ashton, il faut éviter de «la jouer en solo». L’heure n’est pas aux gestes provocateurs pour prouver que l’on existe, mais à l’action apaisante, à la discussion, aux tentatives d’éviter l’éclatment d’une guerre dont personne ne sait jusqu’où elle peut aller.

Dommage que Fabius et Steinmeier n’aient pas pu attendre. Si la Géorgie veut être associée à l’UE, pourquoi pas. Mais pourquoi absolument maintenant ?

1 Kommentar zu La diplomatie franco-allemande opère avec un mauvais timing

  1. C’est l’exclusivité des parteneriats EU-Pays qui met le feu aux poudres sembl-t-il sans parler du niveau catastrophique de l’économie ukrainienne. Quelles armées vont aller aux fronts en cas de conflit et avec quels financements?
    On ferait mieux d’ochestrer une dévaluation compétitive de l’Euro pour donner un ballon d’oxygène aux économies européennes au bord de la déflation. A moins qu’un conflit armée aux portes de l’UE ne provoquerait une baisse souhaitée de l’Euro …

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