La fabrique des abrutis – Ces idiots utiles…
Entre gauchistes laïcistes à géométrie variable et évangéliques antinomiquement politisés, la concurrence est rude pour décrocher le pompon.

(Jean-Marc Claus) – Quel est le point commun entre des gauchistes logiquement pro-laïcité, mais défendant des mouvements islamistes, et des évangéliques politisés alors qu’ils devraient par nature, demeurer apolitiques ? Ces deux catégories d’individus qu’en apparence tout oppose, animés d’un zèle militant s’exprimant de différentes manières, mais avec toujours beaucoup de créativité, ont pourtant une caractéristique commune, les rendant les uns comme les autres très dangereux pour la démocratie.
Déroulant le tapis rouge à l’entrisme des Frères Musulmans et à d’autres mouvements islamistes dont le Hamas, au motif de Free Palestine quoi qu’il en coûte et du droit des femmes à se mettre sous le joug d’un patriarcat religieux et réactionnaire, des gauchistes par nature progressistes et bouffeurs de curés, deviennent étonnamment imams-compatibles et étrangement rétrogrades. Entrant en politique comme on entre au monastère, alors que jusqu’à la fin du XXe siècle, ils tenaient encore ce qu’ils nommaient « le monde » pour païen, et dont ils ne se mêlaient pas directement des affaires, des évangéliques se transforment désormais en néo-templiers.
« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas », fait-on dire post-mortem à André Malraux, qui doit se retourner dans sa tombe s’il voit la tournure qu’a pris notre sinistre époque. La perte de repères associée à l’inversion des valeurs, l’une découlant probablement de l’autre, font des ravages à tous les niveaux de notre société occidentale. Ainsi, nombre de gauchistes engagés et moult évangéliques militants, deviennent-ils qui les idiots utiles de l’islamisme et qui ceux de l’ur-fascisme.
Idiots utiles, une expression apocryphe attribuée à Lénine, autant que l’aphorisme de Malraux cité plus haut est inauthentique, mais il ne faut pas être grand clerc pour y voir clair. Ces jusqu’au-boutistes aux convictions bornées, s’interdisent toute ouverture d’esprit et jettent allègrement l’anathème sur leurs camarades ou coreligionnaires, qui s’offrent le luxe de s’efforcer de penser par eux-mêmes. Ne surtout pas sortir du sillon et répéter ad nauseam la doxa, pour les uns des chefs du parti ou du mouvement gazeux, pour les autres des prédicateurs de la Big Brother Bible Company.
Alors, on serait tenté au beau pays de (souf)France, de se dire que qu’ur-fascistes et islamistes étant logiquement antagonistes, ils se neutraliseront mutuellement tôt ou tard. It’s just a matter of time, what else ? Et bien non, ce n’est pas juste une question de temps car aujourd’hui, tout va très vite en mode régression et ce qu’il y a d’autre, c’est qu’islamisme et ur-fascisme s’accordent sur au moins deux fondamentaux. A savoir, exit la démocratie et retour des femmes à la cuisine.
Donc, le jour où les uns combattront frontalement les autres, ça ne sera pas pour s’anéantir, mais pour conquérir le pouvoir ou conclure un pacte de non-agression. Le Kapital n’a pas plus de religion que de conscience politique, car il obéit exclusivement à une logique de prédation et d’accumulation, faisant feu de tout bois. Les nababs ne pratiquent pas plus la zakat proportionnellement à leurs richesses, que les défenseurs de la dite civilisation chrétienne, mettent en pratique les valeurs évangéliques.
Le second mandat de Donald Trump à la Maison Blanche, démontre bien la capacité de nuisance de ces évangéliques rigoristes. Le retour des talibans en Afghanistan est de la même eau, mais en mode bien moins civilisé, ceux-ci pouvant en Orient se permettre ce que ceux-là n’osent pas (encore) faire en Occident. Le Kapital s’accommode très bien du masculinisme et du sectarisme. Les régressions sociales et sociétales qui en découlent, ne l’empêchent pas de faire du profit, car il lui suffit juste d’adapter sa politique de l’offre au contexte.
Évidemment, ni évangéliques politisés façon Croisades, ni gauchistes cultivant à l’instar de l’extrême-droite la laïcité à géométrie variable, n’ont intérêt à ce que cela change, les premiers perméables aux théologies de la prospérité, donc money-compatibles, et les seconds trop bien installés dans une posture de mater dolorosa pour ne serait-ce que songer sérieusement à gouverner. Le Kapital a encore de beaux jours devant lui…
Kommentar hinterlassen