La fabrique des abrutis – Clash-moi ça !

La clash-culture est une inculture et la punchline une ligne de coconut, contribuant toutes deux très efficacement à l’abrutissement général, tant des masses que des élites.

Quand le débat se résume à une bagarre, seul compte l’argument du plus fort. Foto: Frédéric de Haenen / Dick de Lonlay / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Pourquoi les médias proposant de véritables débats d’idées, où les intervenants ont du temps pour s’exprimer, même parfois trop limité, sont-ils moins suivis que les émissions de télévision-excrémentielle de certaines chaînes de la TNT ? TNT voulant dire « Télévision Numérique Terrestre » et non TriNitroToluène ou TriNiTrine, bien que le caractère explosif de ces productions hanounesques a de quoi mettre à mal n’importe quel individu souffrant d’angine de poitrine !

Autant le personnage-clef de Touche Pas à Mon Poste (TPMP) et ses autres déclinaisons, est-il au mieux contestable et au pire détestable, autant n’est-il qu’un élément parmi d’autres d’une dérive de notre société ne concernant pas que les animateurs autoproclamés vedettes d’émissions de télévision plus populistes que populaires. Comme le disait si justement JoeyStarr : « C’est qui Hanouna ? Je veux dire, si on éteint la télé, c’est qui Hanouna ? ».

Qu’il s’agisse de cette marionnette bolloréenne ou d’un goguenard Laurent Ruquier incapable de modérer les débats dans la défunte On n’est pas couché (2006-2020), nous voici rendus à des années-lumière de « Droit de réponse » qui, de 1981 à 1987, fit scandale sur TF1. A cette époque où les échanges pouvaient s’avérer houleux, leur contenu passait avant leur contenant, leur fond avant leur forme. Dire cela relève du constat, certes désabusé, mais non de la culture de la nostalgie, et ce constat n’est pas celui d’un accident.

Non, tout cela n’est pas arrivé par accident, mais grâce à une longue suite de renoncements et de capitulations de l’intelligence. Les médias en sont-ils seuls responsables ? Peut-être faudrait-il voir plus loin et pour cela « se hisser sur les épaules des géants » comme le disait Jean-Claude Ameisen dans son excellente émission radiophonique du samedi matin…

Sans sombrer dans le complotisme, il reste légitime de se demander à qui profite le plus l’abêtissement général des masses et le formatage des élites ? Ne plus penser qu’en termes de clashs et de punchlines, conduit inévitablement au renoncement à penser. Ce dont a terriblement besoin une société où la concurrence prime sur la solidarité, l’individuel sur le collectif, l’avoir sur l’être, la destruction sur la construction, la prédation sur la réparation, le profit sur le partage.

Comment peut-on passer sans accrocs d’un CNR – Conseil National de la Résistance, qui nous a notamment apporté Les Jours Heureux, à un CNR – Conseil National de la Refondation, pure artifice macroniste n’ayant pour autre but que de toujours plus attaquer les valeurs du véritable CNR de 1943-1944, pour les remplacer par celles des puissances d’argent que ce dernier avait su mettre à genoux aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale ?

Peut-être qu’à force de matraquer les esprits de nos concitoyens, avec des punchlines caricaturales et des clashs où le bruit l’emporte sur le sens, ils en viennent à ne plus faire attention à rien d’autre qu’à des stimuli provoquant chez eux des réflexes purement pavloviens et donc, totalement contrôlables. Mais peut-être aussi qu’en simplifiant à l’extrême l’enseignement de l’Histoire, on glisse en souplesse de nos ancêtres les Gaulois réfractaires à Sa Seigneurie Jupiterienne ?

Le débat public actuel, dans beaucoup trop de médias comme dans certaines institutions de la République, ne passe plus que par le rapport de force. Travers découlant de la liberté d’expression non modérée sur les réseaux sociaux, mais aussi évitant toute discussion raisonnable. Chose actuellement impossible dans un pays où la République héritée de la Révolution Française, est devenue une monarchie républicaine bananière.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste