La fabrique des abrutis – L’arroseur arrosé

La douche risque d’être des plus froides, à l’horizon 2027 et peut-être même encore avant… Foto: Louis Lumière / Wikimedia Commons / CC-PD Mark

(Jean-Marc Claus) – Alors que l’opportunité d’une niche parlementaire à durée par nature limitée, pouvait permettre un débat relatif à l’abrogation de la dernière réforme des retraites adoptée par 49.3, et peut-être même un vote positif, voilà que La France Insoumise se fait torpiller son excellente initiative, par une volée d’amendements tuant le projet dans l’œuf. Ceux qui, lors de l’examen à l’Assemblée Nationale du projet de réforme des retraites porté par Élisabeth Borne, ont empêché le débat, en déversant un tombereau d’amendements, poussent des hauts cris, alors qu’ils sont victimes de pratiques en tous points identiques aux leurs.

Blocage, sabotage, obstruction, les voilà maintenantqui s’indignent d’être la cible d’armes des plus douteuses, qu’ils ont eux-mêmes employé sans vergogne et jusqu’à plus soif ! Ce n’est pas ainsi que l’on gagne une quelconque crédibilité, et nos concitoyens sont de moins en moins dupes, de cette pantalonnade mélenchonesque, qui n’a que trop duré, mais fait tout pour perdurer. Perdurer sans arriver au pouvoir, car installé dans la conflictualité permanente, le Grand Timonier de La France Indignée n’œuvre en rien qui pourrait aboutir à la création d’alliances fiables et durables.

L’histoire avait pourtant bien commencé en 2009, avec la création du Front de Gauche. Mais cette nouvelle formation politique n’arrivant pas à décoller assez vite, le Mélenchon de gauche de gouvernement de 2012, a viré Mélenchon populiste en 2017 pour s’extrême-gauchiser en vue de 2022. Quelle nouvelle orientation prendra-t-il en 2027 ou peut-être même avant ? L’ivresse narcissique n’est malheureusement pas susceptible de provoquer la mise au rencart de la vie publique, et une partie de l’électorat en redemande même, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite.

De plus grand commun diviseur de la gauche, Jean-Luc Mélenchon devient avec le concours de ses affidés, le second plus grand commun multiplicateur d’atomisation, Emmanuel Macron demeurant le premier. Le clientélisme communautariste et la mise en avant de groupuscules minoritaires, n’a absolument rien de fédérateur. Sans compter que, comme dans d’autres situations antérieures, le roi peut d’un jour à l’autre se retrouver nu. Mais il n’en a cure, car monsieur La-République-c’est-moi, n’a visiblement aucune envie réelle de gouverner le pays, et ceux qui le suivent aveuglément, se mettent de surcroît le doigt dans l’œil.

Débarrassé de Jean-Luc Mélenchon et de François Hollande, le Nouveau Front populaire (NFP), pourrait espérer survivre aux turbulences en cours et à venir. Mais autant nombre de socialistes respireraient plus librement, sans leur « excédent de bagage » particulièrement excédant, autant beaucoup (trop) d’insoumis seraient-ils orphelins de pairs. Autant l’effacement (éventuel) de François Hollande n’aurait aucune incidence notable sur le Parti Socialiste, autant l’extinction (improbable) de la voix de Jean-Luc Mélenchon amènerait La France Insoumise à courir en tous sens puis à s’effondrer, comme une poule décapitée.

Pour prétendre incarner la démocratie, il faut être soi-même démocrate, et un mouvement politique autant gazeux que nébuleux, n’a rien de démocrate. Or, être démocrate, ce n’est pas faire obstruction au débat parlementaire, en usant d’astuces dignes de querelles de cours d’écoles maternelles. Pour mémoire, en 2021, profitant d’une niche parlementaire, les députés communistes ont fait adopter à l’unanimité l’augmentation des retraites des conjoints et aidants familiaux des exploitants agricoles, alors qu’en 2020, ils avaient déjà obtenu par adoption d’une loi, une revalorisation des pensions minimales des retraités agricoles à hauteur de 85% du Smic. Comme quoi, les niches parlementaires ont du bon, à condition de ne pas travailler que pour ses miches…