La fabrique des abrutis – Spectaculum et épinéphrine

De quoi les émeutes, faisant suite au décès tragique de Nahel M., sont-elles le nom ?

Saccagez, brûlez, molestez, il aura toujours quelqu’un pour en tirer parti... Foto: Toufik de Planoise / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – A Mulhouse, rameutés par les asociaux des réseaux sociaux, qui les appelaient à casser, ils étaient venus Porte Jeune pour le spectacle et l’adrénaline. Spectacle, entre autres réjouissances au quartier Drouot, d’un camion de pompiers qui, piégé dans un guet-apens, fut copieusement aspergé d’essence. A Strasbourg, alors qu’ils passaient devant des vitrines explosées, ils se sont improvisés voleurs et receleurs, mais n’ont guère eu le temps de devenir revendeurs.

Du haut de son trône élyséen, le monarque-président est désormais fort contrarié par les nuits de sédition, faisant suite au décès qu’il juge inexplicable et inexcusable de Nahel M., lors d’un tragique contrôle de police en la bonne ville de Nanterre. Toujours soucieux de bien comprendre son époque et, donc selon l’entendement de sa pensée complexe, dicter leur conduite à ses concitoyens, il crie haro sur les jeux vidéo, faisant ainsi bondir derechef gamers et sociologues.

Alors qu’autoproclamée pays des droits humains et accessoirement fille aînée de l’Église, la France, se préparant à accueillir d’ici une année, la fête quadriennale de l’olympisme estival, voit tout partir en sucette, qui n’est pas à l’anis. Il nous faudrait un Gainsbarre pour chanter la Marseillaise devant les paras, alors qu’un Z n’ayant rien de commun avec celui de Costa Gavras, se poste en embuscade grâce à son messie à cagnotte, et que JLM tombe dans le panneau, car Mathilde est revenue.

Le spectacle et l’adrénaline, ne sont pas que dans l’arène de la rue, mais également sur la scène pathétique de la politique. Qui sera le plus bête, de l’émeutier bas de plafond au leader aspirant à connaître les ors de la République ? Quelle est la valeur d’un monarque-président, maintenant disposé à écouter les maires molestés par des vandales, alors qu’il fut en 2017, le premier à les malmener ? Considéré par la macronie comme un avaleur de couleuvres en série, le peuple n’en peut plus de ce soap opera.

La déraison touche les plus raisonnables, tandis que les allumés de tous poils se tirent la bourre, rivalisant de violence, qui verbale qui physique et de plus en plus souvent, les deux à la fois. Le terrain se prépare pour un grand soir, auquel ne succédera pas un matin calme, car ponctué de multiples nuits des longs couteaux. Arrivée démocratiquement au pouvoir, l’extrême-droite ne le lâche jamais sans perte et fracas, lorsque tourne le vent électoral. Faut-il encore citer en exemple le Brésil bolsonariste et les USA trumpistes ?

Le poison infuse dans la société du pays de la Révolution. D’un côté, les tenants de la révolution dite nationale, fourbissent leurs armes. D’un autre, toute une frange de la population dont la vie est aussi plate que la dalle d’un écran de smartphone, existe préférentiellement via le virtuel. D’un autre encore, des idéalistes shootés au quinoa, se refusent par principe à condamner ce qui reste pénalement sanctionnable. Et pendant ce temps, spectaculum et épinéphrine sont les mamelles d’une France malade d’elle-même.

2027 risque fort d’être l’année des purges, façon médecine de Molière. Une époque où, remède prétendu souverain, la saignée causait la guérison par extinction de la maladie avec celle du patient. Durant la décennie précédant cette année fatidique, ce n’aura pas été un médecin malgré lui, qui présida aux destinées de la France, mais un monarque-président, qui la contraint à tous les renoncements, face à l’empire de la finance. Spectaculum et épinéphrine, remplaceront panem et circenses, quant il n’y aura plus assez de pain pour tout le monde et que cessera le cirque du front républicain.

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