La fabrique des abrutis – Terreplatisme et aplatissement

« Sometimes, you’re wrong, in life. », mais...

Au bout de l’horizon - l’abîîîme ! Foto: Gerorge Grie / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – En 2020, les terreplatistes représentaient 9% de la population française contre 16% de celles des USA. Le mois dernier, l’influenceur étasunien terreplatocomplotiste Jeran Companella, qui s’était lancé dans le projet collaboratif « The Final Experiment », afin d’y démontrer sa croyance en la non-rotondité de la Terre s’est vu, rendu au Pôle Sud, obligé par les faits, de reconnaître la non-planéité de la Planète Bleue. « Sometimes, you’re wrong, in life. », une conclusion qui a le mérite de la clarté, mais qui ne fera pas pour autant décroître le nombre d’adeptes en l’absurde croyance terreplatiste

A l’ère de la post-vérité et des alternative facts, dans une société multimédiatique et ultranumérique, des fadaises comme le terreplatisme, font encore et toujours recette. Mieux encore, l’épisode de la pandémie de Covid-19, en a remis une couche particulièrement épaisse. Alors que cette crise sanitaire mondiale aurait dû inciter une très large majorité de nos contemporains, à se tourner vers la science, l’égarement de quelques scientifiques, produisit l’effet contraire de celui attendu logiquement.

Ainsi vaudrait-il mieux ne pas prendre à la légère les 9% de Français et 16% d’Étasuniens affirmant la planéité de la Terre, car tous ne sont pas aussi honnêtes que Jeran Companella, du moins sur ce coup là. Quand Aristote affirmait aux IVe siècle avant J-C « Qui peut le plus peut le moins », il était loin d’imaginer qu’au XXIe siècle après J-C, son devenu célèbre aphorisme, pourrait également signifier que celui croyant en la plus grosse absurdité, peut admettre sans peine la plus petite.

L’entretien des croyances absurdes, le refus obstiné des évidences scientifiques, la prévalence des opinions sur la réalité des faits, font le lit de tous les totalitarismes. Et ceci, en passant sous le rouleau compresseur des absolues certitudes, tout doute naturellement légitime. « Il faut savoir douter où il faut, assurer où il faut, en se soumettant où il faut. Qui ne fait ainsi n’entend pas la force de la raison. », écrivait Blaise Pascal au XVIIe siècle, alors qu’au XXIe siècle, toujours plus de nos contemporains soit doutent de tout, soit ne doutent de rien.

Aujourd’hui, le doute n’est plus tant un instrument de spéculation philosophique ou un catalyseur de recherche scientifique, qu’un moyen de nier ou d’affirmer et parfois même les deux dans un même mouvement. L’aplatissement de l’intelligence, induit par des fadaises comme le terreplatisme ou le racialisme, paralysent lentement la société, pour la rendre propice à l’établissement d’une « Ferme des animaux » toute orwellienne, dont la doctrine sous-jacente sera celle de l’ultralibéralisme économique forcené, protégé par des pouvoirs néonationalistes et postfascistes.

« Au bout de l’horizon : l’abîme » disaient en des siècles très anciens, ceux qui n’avaient pas connaissance de la rotondité de la Terre. « Sans horizon : l’abîme », pourrait-on paraphraser aujourd’hui, en constant les ravages causés par le nombrilisme pathologique et l’absence de réelles perspectives, dont les « America First », « Alles für Deutschland  », « La France revient, l’Europe revit » et « Pour que la France reste la France », ne sont que les symptômes d’un aplatissement de l’intelligence.

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