La fin de l’ère Angela Merkel

Un sondage de l’Institut Forsa montre qu’un Allemand sur deux souhaite que la chancelière n’aille pas jusqu’à la fin de son quatrième mandat. Tant qu’à faire, elle pourrait aussi partir maintenant…

On l'a déjà vu plus souriante... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Après des mois de discussions infructueuses entre CDU, CSU, FDP, Verts et SPD, les Allemands commencent à fatiguer. Les chiffres actuels publiés par l’Institut Forsa / RTL / n-tv le montrent clairement : les Allemands n’attendent plus grande chose de la part du monde politique.

Résignation. On dirait que les Allemands sont las du théâtre politique avec toutes ses histoires de trahisons, de manipulation, de mensonges et d’intérêt personnel. Seulement 8% (!) des sondés s’attendent à un renouveau politique après la formation du nouveau gouvernement. La CDU/CSU et le SPD auront du mal à transmettre un quelconque enthousiasme pour une nouvelle « Grande Coalition » CDU/CSU-SPD. 90% des Allemands pensent qu’il s’agit d’un mariage de raison et non pas d’amour. Mais dans la mesure où d’autres majorités sont actuellement introuvables en Allemagne, 45% des sondés seraient prêts à accepter une telle coalition, 25% préfèreraient un gouvernement Angela Merkel minoritaire et 26% estiment qu’il faut appeler à des élections anticipées.

Mais que donneraient des élections anticipées à ce stade ? Les sondages sont unanimes : hormis le fait que l’extrême-droite risque de grappiller quelques sièges supplémentaires, rien ne changerait au niveau du rapport de force entre les partis. Ce serait donc le retour à la case de départ et les partis se trouveraient dans la même situation qu’aujourd’hui.

Quid de ce quatrième mandat d’Angela Merkel ? En tant que chef du parti arrivé en tête des dernières élections, elle sera sans doute la prochaine chancelière fédérale, avec ou sans le SPD comme partenaire. Toutefois, 50% des sondés voudraient qu’elle abdique à mi-mandat et mette les deux premières années à profit pour préparer sa succession.

Mais en réalité, les Allemands s’en fichent. Leur foi dans le monde politique est tellement faible que seulement 16% croient que le prochain gouvernement travaillera mieux que le précédent. La même proportion de 16% pense qu’il sera encore pire. Les autres 68% se sont déjà faits à l’idée que ce sera exactement comme avant.

Le grand perdant de cette évolution est le chef du SPD, Martin Schulz. Exposé au reproche d’agir comme une « girouette » (après avoir catégoriquement refusé toute nouvelle « Grande Coalition », il se retrouve quelques semaines plus tard autour de la table pour la négocier), Schulz semble avoir perdu la confiance des Allemands. 67% des sondés ne souhaitent pas qu’il occupe un poste de ministre dans le nouveau gouvernement et même parmi les électeurs du SPD, seulement 30% estiment que l’ancien président du Parlement Européen est ministrable.

Cette résignation politique qui semble s’emparer des Allemands, est dangereuse. Lorsque les gens ne croient plus en ce monde politique, la porte est grande ouverte pour des séducteurs de tout bord, comme le prouve déjà la présence de presque 100 députés de l’extrême-droite au Bundestag. En Allemagne, comme dans la plupart des pays occidentaux, les électeurs ont le sentiment d’avoir le choix entre peste et choléra, avec les conséquences que nous constatons tous les jours. En Allemagne, on se pose à présent la question : et si on commençait à voter autrement ? Mais pour qui ?

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