La frontière – ouverte ou fermée ?

Non, cette fois, la frontière n'est PAS fermée. Mais elle n'est pas vraiment ouverte non plus... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La cacophonie autour des mesures contre la Covid-19 continue et ce, dans un climat de grande insécurité. De part et d’autre du Rhin, les chiffres de nouvelles infections, de hospitalisations et de décès sont en nette hausse, et, comme partout en Europe, les gouvernements tentent de réagir. Chacun à sa manière. Les mesures concernent aussi la frontière entre l’Alsace et le Bade-Wurtemberg. Pour réduire le nombre de passages par la frontière, le gouvernement régional à Stuttgart a eu recours à un « truc ». Ceci permet de garder officiellement la frontière ouverte, tout en interdisant les activités principales pour lesquelles les gens la traversent. Explications.

Lorsque l’Allemagne et la France avaient annoncé leurs confinements respectifs début novembre, renforçant notamment les règles de quarantaine lors du retour de « zones à risques » (ce qui s’applique aujourd’hui quasiment à tous les pays et toutes les régions européennes), les trois Länder allemands limitrophes au Grand Est (Sarre, Rhénanie-Palatinat, Bade-Wurtemberg) avaient crée la « règle des 24 heures », autorisant aux habitants de la région frontalière de passer la frontière sans obligation de quarantaine, à condition que le séjour ne dépassait pas les 24 heures. Cette règle avait été instaurée pour permettre aux habitants de la région frontalière d’aller faire ses courses sur l’autre rive et de circuler relativement normalement. Ainsi, les habitants du Grand Est pouvaient continuer à aller faire leurs courses dans le pays voisin.

Début Décembre, face à l’explosion des chiffres en Allemagne, les mesures ont été durcies en Allemagne. Les magasins ont du fermer, à l’exception des magasins d’alimentation et de première nécessité. Du coup, la clientèle s’est concentrée dans les grands discounters, et d’autre part, les Badois venait massivement faire leurs courses dans les magasins en Alsace qui du coup, avaient rouverts. Le phénomène, appelé « tourisme des courses », s’est également produit à d’autres frontière, comme celle entre la Pologne et l’Allemagne.

Pour réduire le nombre de contacts sociaux et le nombre de passages de la frontière, le gouvernement du Bade-Wurtemberg a eu recours à un « truc » simple – il a invalidé cette « règle des 24 heures ». Ainsi, une personne qui se rend en Allemagne pour faire des courses, est soumise aux obligations de quarantaine, de déclaration auprès les autorités, d’auto-confinement et de tests. Dans la pratique, s’il n’est pas interdit de faire ses courses en Allemagne, les 5 à 10 jours de quarantaine excluent la possibilité de faire ses courses outre-Rhin.

Les nombreuses personnes qui ont posté ces derniers jours sur les réseaux sociaux des informations du genre « mais non, on peut y aller, je viens de faire mes courses chez ALDILIDLPENNY… », ont réussi à faire leurs courses sans amende, parce qu’ils n’avaient pas été contrôlés. Mais les contrôles seront renforcés ces prochains jours et on ne peut que déconseiller de braver les interdictions pour aller faire quelques courses chez les voisins.

Donc, conclusion, techniquement, la frontière est ouverte, mais uniquement pour des raisons familiales, médicales ou professionnelles. Faire ses courses n’est autorisé qu’en se soumettant à tout le protocole de quarantaine. Donc, dans les faits, cette frontière n’est pas ouverte pour ceux qui veulent aller faire leurs courses sur l’autre rive. Et on s’étonne encore et toujours pourquoi les autorités communiquent aussi mal sur des mesures qui affectent notre vie quotidienne. Peut-être parce qu’elles ne comprennent plus rien à la situation non plus ?