La Gauche aux élections européennes

Du pain et des rosses

Ska Keller, la Spitzenkandidatin des Verts (avec son petit camarade Bas Eickhout) Foto: Stephan Roehl, Heinrich-Böll-Stiftung / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Pour espérer jouer un rôle important dans l’Union européenne ces prochaines années, la gauche doit s’unir : ce qui suppose la reconnaissance par toutes ses composantes d’un objectif commun, et aussi, l’identification de son adversaire. L’échéance approche à grands pas.

Pourquoi un tel candidat, Yanis Varoufakis ? C’est que son parti, Démocratie en Europe (DiEM25), l’a désigné comme tel, en novembre 2018 déjà. Cela nous fera 4 candidats pour la gauche : n’est-ce pas un peu trop ? Qu’est-ce qui distingue donc ces différents courants de la gauche européenne ?

Ce qui les distingue, ce sont des éléments qui semblent parfois importants, mais qui souvent, s’avèrent assez ténus. Productivisme contre écologisme plus ou moins radical, utopisme contre réalisme : une palette qui couvre tout le champ de la gauche politique, de la social-démocratie de gestionnaires opportunistes jusqu’au lutte-de-classisme de catéchumènes flamboyants. La vérité se trouve, non pas au milieu, mais dans la synthèse de tout cet éventail éventé.

Bien sûr, chacun des groupes en question dit amèrement regretter l’absence d’unité de la gauche – des gauches – dans la lutte pour la victoire ou au moins, pour la constitution d’un groupe vraiment puissant au Parlement européen, bien plus encore qu’il ne l’a été de 2014 à 2019. Sans parler, bien évidemment, de la présidence de la Commission… Cette Commission dont bon nombre de gens de gauche critiquent l’existence même et dont certes, la transparence n’est pas la plus grande qualité.

Rappelons un peu comment ces élections se passent, les enfants : notre petit doigt (et nos conversations quotidiennes) nous disent que ce n’est pas tout à fait inutile, bien qu’un peu long. Accrochons nous donc un peu.

Eh bien, les partis européens commencent par choisir leurs candidats à la présidence de la Commission. Ensuite, le 26 mai, les braves citoyens européens iront gentiment élire le nouveau Parlement au lieu d’aller lutiner au Fuchs-am-Buckel ; ensuite, le Conseil européen des ministres choisira le candidat à la présidence de la Commission avec le Parlement, en considération des résultats des élections susnommées.

Après cette délibération, le président du Conseil européen des ministres proposera un candidat au Conseil européen des chefs d’État. Puis le Conseil européen des ministres choisira le candidat, par un vote à la majorité qualifiée. Le président de la Commission est ensuite élu par le Parlement (cette année, ce sera au mois de juillet). En août-septembre, les commissaires, que proposeront les Etats membres, seront entendus en audition par le Parlement. Et enfin, ce dernier votera définitivement (à la majorité) la nouvelle Commission. Sela ! L’ensemble des procédures, comme on voit, couvre donc plus de 3 mois de l’année…

Pour ce qui est de la gauche, les différents courants ont aujourd’hui leurs candidats. Pour les Socialistes et Démocrates, le vénérable Frans Timmermans. Pour les Verts, les sympathiques et plutôt jeunes Ska Keller et Bas Eickhout (un joli nom, qui signifie : bois de chênes). Pour la Gauche européenne, l’écolosocialiste slovène Violeta Tomič et le syndicaliste belge Nico Cué. Et pour Démocratie en Europe, Yanis Varoufakis.

Cestui là déclare regretter la division de la gauche. Mais comment faire ? Varoufakis semble estimer qu’il n’y a de gauche que la sienne, et que tous les autres partis se composent de gougnafiers ou, au mieux, de vils paltoquets. Les critiques que l’on entend de sa part ciblent surtout son ancien compagnon de Syriza, Alexis Tsipras, dont il considère que la politique grecque est furieusement libérale et totalement aberrante, et les partis de gauche qui se moquent complètement de toute politique européenne, comme Podemos.

En réalité, la gauche est en quelque sorte victime de son histoire, ou plutôt, de ses histoires : elle donne davantage l’impression de se diviser comme le font les groupes sociaux selon Levi Strauss dans les sociétés premières, en vertu de mystérieuses structures élémentaires plutôt qu’en fonction de ses objectifs. La gauche vise à la justice sociale : on peut déterminer avec une relative aisance, dans ce cas, ce qu’il conviendrait de faire, non ? Contre le libéralisme et contre les populistes, dans toute l’Europe. Les luttes sociales actuelles montrent très clairement le chemin à suivre, nous semble-t-il – et cela de Lisbonne à Budapest, de Paris à Belgrade et à Kiev.

Quoi qu’il arrive, la gauche est attendue par les électeurs sur des points essentiels, sur lesquels on attend avec impatience de savoir ce qu’elle et ses candidats ont à dire. Il s’agit des réponses que sur le plan européen, elle pourrait apporter à la globalisation, au néo-libéralisme et leurs méfaits. A la destruction de l’environnement. Au sort à réserver à ces fichus Anglais : rôtis à la broche ou bien en fricassée? A la question de l’immigration et de ses rapports avec l’humanisme européen. Aux propositions concrètes quant à la nature des institutions européennes et leur caractère démocratique : comment redéfinir leur rôle, en vertu d’un esprit réellement démocratique ? A quoi devrait au juste servir la Commission, notamment ? Faudrait-il la supprimer et accentuer grandement le rôle du Parlement, et même, lui conférer la compétence législatrice ? C’est sur ces points qu’il faudra répondre, et impérativement.

Il ressort très clairement des événements actuels que la réunion de la gauche sur un objectif précis sonnera l’heure du réveil démocratique de l’Europe. Schnell, allons y, et vite !

Cet article s’appuie en grande partie sur des informations produites ou compilées par le Courrier d’Europe Centrale. Pour en savoir plus : https://courrierdeuropecentrale.fr

 

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