La gauche entre conscience et oubli

Francis Alexis Hammer sur les candidatures de la « gauche » française pour les élections présidentielles en 2022. Malgré un potentiel intéressant, la « gauche » constitue son propre obstacle.

Quels noms trouverons-nous sur les affiches en 2022 ? Foto: Rogi Lensing / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(Francis Alexis Hammer) – Six candidats déclarés à gauche et bientôt sept(1). C’est en ce temps de pré-campagne, la certitude de créer une profonde désillusion dans les attentes, là où les programmes devraient supplanter les ambitions des uns et des autres. A sept mois des élections présidentielles, « L’enjeu des prochains mois va être de construire une alternative crédible » assure le sénateur socialiste Rémi Féraud. Un pari osé au vu du contexte actuel.

Depuis le début de l’année 2021, les enquêtes d’opinion sur les intentions de vote effectuées par les instituts de sondage, situent la gauche autour de 30%. Soit à peu de choses près le score au 1er tour de François Mitterrand lors de l’élection présidentielle de 1965. A l’époque, ce score permettait au président de la Convention des institutions républicaines (CIR) de passer sans encombre le premier tour. Elle lui autorisait aussi un destin présidentiel, pour peu qu’il puisse s’appuyer sur un parti solide, fruit d’une alliance entre un parti communiste sur le déclin et des partis de la gauche démocratique bien éparpillés.

A vrai dire, en comparant avec le pessimisme actuel des électeurs de gauche, ils n’étaient pas nombreux, ceux qui considéraient les résultats de 1965 comme la préfiguration du Programme commun, et au-delà de l’issue des élections à venir. Et pourtant…

La gauche dans l’impasse – Pourrait-on faire aujourd’hui ce même pari ? A un moment où, selon un récent sondage (1) https://www.ipsos.com/fr-fr/fractures-francaises-face-aux-crises-qui-frappent-le-pays-un-besoin-de-protection-plus-fort-que , la différence entre droite et gauche n’est importante que pour 38% des personnes interrogées ? OUI, avec score qui pourrait être (bien) plus élevé, si par extraordinaire, les batailles programmatiques au nom des valeurs de gauche, pouvaient l’emporter sur l’égo de celles et ceux qui se croient poussés par l’histoire.

Dans ces batailles, et pour en revenir aux errements d’un parti socialiste appliquant au pouvoir ce qu’il dénonçait dans l’opposition, le renoncement persistant de la gauche de gouvernement à combattre réellement la dimension sociétale des inégalités, permet encore et toujours à la droite d’imposer son discours de la méritocratie, quand elle reporte les inégalités à l’aune des situations individuelles.

« Je traverse la rue et je vous trouve un travail » – Cette petite phrase prononcée par Emmanuel Macron en 2018, suscite encore aujourd’hui bien des tensions. A l’égal de ce qui se passe aux Etats-Unis avec le mythe de « l’American Dream », les personnes visées, à défaut de vouloir traverser la rue, en viennent à culpabiliser, si ce n’est à se réfugier dans le domaine du prêt-à-penser ou excellent les partis populistes.

Il est vrai que cette petite phrase a de quoi retentir à droite, mais aussi à gauche, quand en 1999, Lionel Jospin affirmait « qu’il ne faut pas tout attendre de l’Etat ». Un discours fait au nom d’une social-démocratie aux affaires, qui déjà à cette époque, battait de l’aile. Pourtant, la même année, dans le silence des médias, Marisol Touraine, alors secrétaire nationale du PS chargée de la solidarité, ne craignait pas de trouver « bizarre (que) Jospin pose un vrai débat sans donner la réponse ».

« Un vrai débat », où plus de deux décennies plus tard, cette réponse tarde à venir quand on lit les déclarations des candidats de gauche à la présidentielle. Un oubli ? Ou l’impossibilité à pouvoir répondre ?

Les candidats déclarés à gauche :

Anne Hidalgo (Parti socialiste), 62 ans. Maire de Paris depuis 2014, elle gouverne la capitale avec l’aide des écologistes et des communistes.

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), 70 ans. Leader de la gauche radicale, il a été candidat aux présidentielles de 2012 et 2017.

Arnaud Montebourg (divers gauche), 58 ans. Ancien ministre « frondeur » de l’économie sous François Hollande, il promeut la dé-mondialisation et le « Made in France ».

Fabien Roussel (Parti communiste français), 52 ans Secrétaire national du PCF, le député du Nord représente un parti qui était absent des présidentielles depuis 2007.

Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), 54 ans. Ancien ouvrier chez Ford à Bordeaux, il défend « une société libérée de l’exploitation et des oppressions ».

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), 51 ans. Déjà candidate en 2012 et 2017, elle veut « porter la présence du courant communiste révolutionnaire » à l’élection présidentielle.

Les autres candidats déclarés :

Marine Le Pen (Rassemblement national), 53 ans.

Florian Philippot (Les Patriotes), 39 ans.

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), 60 ans.

Xavier Bertrand (divers droite), 56 ans.

Jean Lassalle (Résistons !), 66 ans.

Jean-Frédéric Poisson (La Voie du peuple), 58 ans.

François Asselineau (Union populaire républicaine), 63 ans.

Les candidats à départager :

Primaire écologiste

Delphine Batho (Génération écologie)

Jean-Marc Governatori (Alliance écologiste indépendante)

Yannick Jadot (EELV)

Éric Piolle (EELV)

Sandrine Rousseau (EELV)

Les candidats potentiels

Emmanuel Macron (La République en marche) 43 ans.

Éric Zemmour (journaliste politique) 63 ans.

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