La gestion de la pauvreté coûte cher à l’Allemagne

Administrer la pauvreté au lieu de la combattre, cela relève d’un choix politique. Il faut dépenser des milliards d’euros pour maintenir presque un cinquième des Allemands dans une situation précaire.

Le système social allemand administre la pauvreté, mais ne la combat pas. Foto: Björn Laczay from Moosburg, Germany / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – L’aide sociale allemande, le tristement célèbre « Hartz IV », coûte cher à l’Allemagne. Le budget allemand prévoit un total de 27,5 milliards d’euros (21 milliards pour les indemnités de chômage de longue durée qui englobent aussi l’aide sociale et 6,5 milliards d’euros comme aide au logement). Mais cet argent ne profite pas dans sa totalité aux plus démunis de la société allemande; il faut en déduire 4,55 milliards d’euros de frais d’administration. Et en Allemagne, on commence à se demander si le rattachement de l’aide sociale à l’Agence pour l’Emploi était vraiment une bonne idée. L’administration du « Jobcenter » (qui n’est autre que l’administration du « Hartz 4 ») est réputée lente et inefficace. Le tout pour accorder aux bénéficiaires environ 400 € par mois (outre le loyer et l’assurance maladie). Pas assez pour vivre, mais trop pour mourir.

Autre effet indésirable de cette organisation : l’administration de la pauvreté nécessite beaucoup de personnel, et les collaborateurs qui s’occupent du « Hartz 4 » ne sont pas disponibles pour remplir leur travail au sein de l’Agence pour l’Emploi. Pour l’expert des affaires sociales du groupe FDP au Bundestag, Pascal Kober, le système « Hartz 4 » devrait être remis en question dans son intégralité. Ce qui ramène la question du revenu minimal inconditionnel à l’agenda politique. En fin de compte, il s’agit d’un calcul. Qu’est-ce qui coûte le plus cher : un tel revenu minimal inconditionnel ou bien cette lourde administration du « Hartz 4 » qui échoue presque systématiquement dans sa mission de ramener des chercheurs d’emploi vers le marché de l’emploi.

L’Allemagne semble mal préparée pour les défis sociétaux des prochaines années. La pauvreté guette un nombre croissant de personnes, notamment parmi les retraités. Les changements démographiques en Allemagne font qu’un nombre décroissant d’actifs doit assumer les retraites pour un nombre croissant de retraités. Le vieillissement de la population allemande crée de plus en plus de pauvres qui eux, sont tous administrés par les « Jobcenter » qui donc, gèrent la précarité tant bien que mal.

Depuis l’introduction du système « Hartz 4 », on constate que ce système ne peut pas rapprocher des chômeurs du marché de l’emploi. « Hartz 4 », c’est l’antichambre d’une fin de vie en pauvreté, c’est l’exclusion de la vie de société, ce sont les maladies et les drames personnels. Un revenu minimal inconditionnel rendrait au moins, pour commencer, la dignité aux personnes ayant perdu leur emploi, dans la plupart des cas sans y avoir contribué.

Ces prochaines années, la politique allemande aura des choix à faire. Soit la politique arrive à résoudre les problèmes sociaux qui concernent un cinquième de la population allemande, soit ces problèmes finiront par dévaler dans la rue en donnant des ailes aux extrémistes de tout bord. En attendant, il est tout simplement honteux qu’un pays aussi riche que l’Allemagne laisse 1 citoyen sur 5 vivre dans la précarité. L’austérité à la Schäuble entraîne les mêmes conséquences en Allemagne que dans d’autres pays européens – une pauvreté galopante. Il est temps que ça change…

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