La Grande-Bretagne dicte ses conditions à l’Union Européenne

Le chantage du «Brexit» permet à David Cameron d’obtenir des faveurs européennes – et le Président du Conseil Européen Donald Tusk a de nouvelles idées comment paralyser l’Europe politique davantage.

Le Président du Conseil Européen a proposé des choses surprenantes à David Cameron - pour éviter le "Brexit". Foto: Mateusz Wlodarczyk / www.wlodarczykfoto.pl / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La Grande-Bretagne prépare son référendum sur la sortie de l’Union Européenne qui normalement, devrait avoir lieu encore cette année ou au plus tard, en 2017. Sous la menace d’une telle sortie qui nécessiterait une réorganisation des institutions européennes, l’Union semble prête à faire une nouvelle fois des cadeaux à la Grande Bretagne.

Premier cadeau : un mécanisme surnommé «frein d’urgence» qui permettrait à la Grande Bretagne de couper des prestations sociales aux salariés venant d’un autre état-membre de l’Union, ce qui n’est pas prévu dans les Traités Européens qui justement stipulent que tout citoyen d’un état-membre puisse s’installer et travailler dans tous les autres états-membres et d’y bénéficier des mêmes prestations sociales que les natifs du pays. Du moins, dans les pays qui ne sont pas la Grande Bretagne. Qui désormais aurait le droit de réduire ou de couper certaines prestations sociales – par exemple aux nombreux ouvriers polonais et ressortissants d’autres nationalités de l’est européen.  Au clair : quand la Grande Bretagne n’aura plus envie de payer des prestations sociales aux ressortissants européens installés au pays, elle arrête de payer. Ou elle paie moins. Comme bon lui semble – ce qui crée aussi un instrument pour se «débarrasser» d’étrangers dont on veut se «débarrasser». Il suffit de leur couper les vivres. Et cela s’appelle donc «le frein d’urgence».

Autre point dans la déclaration faite par David Cameron et Donald Tusk à Bruxelles : la Grande Bretagne n’est pas obligé de s’intégrer davantage au niveau politique en Europe. Il y a des phrases dans des communiqués officiels qu’il faut dire deux fois. Pour ne toujours pas les comprendre. «Ne pas s’intégrer davantage au niveau politique» ? Ce qui veut dire ? Donald Tusk le précisera lors du sommet européen les 18/19 mars prochains. Si les concessions proposées par Donald Tusk ne constituent pas encore une décision européenne, puisque les 28 doivent décider de cela en commun, cette proposition sera discutée lors de ce sommet. On verra ce qui sera décidé.

Une autre idée de Donald Tusk est d’accorder à tous les états-membres une sorte de «joker», le «carton rouge». Un parlement national pourrait sortir ce «carton rouge» lorsqu’une loi ou décision européenne ne lui convient pas. Mais il n’est pas encore clair ce qui se passerait à un tel moment – si ce «carton rouge» permet au pays concerné de ne pas appliquer la loi européenne en question ou si cette loi serait abandonnée au niveau européen. Les deux options ne semblent pas être de nature à pouvoir souder l’Europe.

Si la Grande Bretagne devait quitter par référendum l’Union Européenne, cela constituerait un grand coup contre le projet européen. Si la Grande Bretagne devait réussir à imposer ces conditions à l’Union Européenne, l’obligeant à trahir ses principes les plus sacrés, l’Europe serait perdante aussi. L’Europe n’aura guère le choix – elle doit se réinventer pour ne pas couler.

2 Kommentare zu La Grande-Bretagne dicte ses conditions à l’Union Européenne

  1. Dans ces conditions, à quoi sert de garder la GB dans l’UE, que lui apporte-t-elle?

  2. selon Arte Journal (mardi 2 février) et The Guardian, P Cruddas (sté de trading CMC markets) aurait octoyé un Million de Livres pour financer la campagne “pro-brtexit”. Crispin Odey (autre fondateur de hedge found) compte sur le Brexit pour réaliser de juteuses affaires;
    cela semble une action criminelle à l’encontre de l’Union Européenne et de ses citoyens. Serai-ce un rêve que de les voir poursuivi au “pénal”?

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