La grande perdante est l’Europe

Après avoir transformé l'élection européenne en des scrutins nationaux, les « vedettes européennes » se retrouvent devant un tas de vaisselle cassée. En conduisant l'Europe dans une crise sans précédent.

Oui, on a utilisé notre vote. Au chlix entre la peste et le choléra, c'est la peste qui l'a emporté... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – Les résultats de l’élection européenne se confirment au fil des heures et les tendances déjà observées dimanche soir, se solidifient. L’extrême-droite a le vent en poupe, les Verts sont en train d’exploser, les partis traditionnels ne font plus le poids face aux extrémistes. Les électeurs et électrices européens semblent tellement déçus par les contre-performances des gouvernants qu’ils découvrent maintenant « l’envie de la catastrophe ». Ceux qui voudraient voir jusqu’où ont peut pousser le bouchon européen, seront servis.

Le président Macron qui aime se produire comme « l’homme fort de l’Europe », comme un leader européen, vient de se disqualifier pour tout autre poste gouvernemental en France, mais également au niveau européen. Tout le monde avait compris qu’il n’en a cure de l’Europe, et la nomination de la pauvre Valérie Hayer qui n’était pas du tout à la hauteur de son poste de tête de liste de « Renaissance », ne fait que démontrer le manque d’intérêt d’Emmanuel Macron porte à l’Europe. Après la dissolution précipitée de l’Assemblée Nationale, même d’anciens macronistes ont fini par comprendre que le président ne s’intéresse ni à l’Europe, ni à la France, mais uniquement à Emmanuel Macron. Il en obtiendra la réponse des Français le 30 juin et le 7 juillet. Ce ne serait peut-être pas plus mal qu’un des conseillers grassement payés informe le président que sa carrière politique est finie et qu’il vaut mieux qu’il ne fasse plus trop de vagues pendant le reste de son mandat, puisqu’il n’a pas le courage de démissionner.

L’Europe politique a également essuyé une lourde défaite dimanche 9 juin. Le Parlement européen glisse dangereusement vers une droite dure et en partie, extrémiste. Si le PPE fête sa « victoire », disposant d’environ 185 sièges des 720 sièges du Parlement européen (les chiffres exacts ne sont pas encore connus), cette « victoire » risque d’avoir un goût amer. Penser que sa candidate à la présidence de la Commission européenne Ursula von der Leyen soit quasiment élue, est une erreur. Il y a beaucoup d’autres groupes qui siégeront au nouveau parlement qui auraient de bonnes raisons de rejeter la candidature de celle qui est considérée comme l’une des bourreaux de la transparence européenne. Le processus d’élection des prochains commissaires européens qui incombe au Parlement européen, risque d’être long et compliqué.

Dans la plupart des pays européens, les résultats de l’élection européenne confirment ce qu’on a vu en France et en Allemagne. Les néo-nationalistes progressent, les écologistes dégringolent, les partis traditionnels perdent du terrain et une grande instabilité politique s’installe. Cette instabilité, à un moment où des crises mondiales comme des guerres, l’inflation, des tensions sociales, le changement climatique etc. doivent être gérées, est carrément dangereuse pour l’Europe. Les partis ayant transformé cette élection européenne en des scrutins nationaux, en portent l’entière responsabilité.

Un nouveau projet pour l’Europe ? Des perspectives de réformes des institutions où fleurissent la corruption, l’espionnage et l’abus de pouvoir ? Une Europe de l’énergie, de la défense, sociale, environnementale ? Il n’en sera rien. Si les résultats de dimanche devraient se confirmer ces prochains jours, l’Union Européenne continuera à favoriser l’Europe des Banques, l’Europe de l’évasion fiscale, l’Europe belliqueuse, l’Europe des inégalités, l’Europe de la corruption. L’élection du 9 juin aurait été l’occasion pour initier un changement du logiciel européen. Au lieu de cela, on assiste maintenant aux jeux de pouvoir maladroits de ceux qui avaient conduit l’Europe au bord du gouffre et qui font toujours semblant d’avoir une importance politique au niveau européen. Pauvre France, pauvre Europe. Le 9 juin aura été une date noire sur le calendrier européen.

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