La Guardia Civil table sur l’intelligence artificielle

Afin de mieux remplir ses missions, la Guardia Civile veut développer des outils technologiques basés sur l'intelligence artificielle.

Le drone camera, un moyen de surveillance de plus en plus utilisé par les forces de l'ordre de nombreux pays. Foto: Vijay Barot / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Contrairement à la chaîne de supermarchés Mercadona, qui est allée un peu vite en besogne en installant des systèmes de reconnaissance faciale dans quarante de ses magasins, la Guardia Civil planche plus sérieusement sur un projet similaire. L’enjeu, pour les forces de l’ordre espagnoles, comme le rapporte El Diario, dépasse le repérage de clients indélicats ou d’(ex-)employés devenus indésirables.

C’est la supervision et le contrôle des foules qui est principalement l’objet de ses recherches. Non en ville comme on pourrait s’y attendre, mais dans les zones rurales. Non pour la surveillance généralisée, comme aimeraient à pouvoir le dénoncer les complotistes de tous crins, mais pour garantir la sécurité des festivals et fêtes populaires. Nous l’avions écrit précédemment, l’Espagne ne peut se concevoir sans la fête ; ainsi, chaque événement festif important est toujours autant un défi pour ses organisateurs que pour les forces de l’ordre chargées d’en assurer la sécurité.

A cet effet, le Secrétaire d’État à la Sécurité Rafael Pérez Ruiz a signé le 16 juillet 2020 un accord avec Francisco Javier Ponce Martínez, Directeur Général du Center for Industrial Technological Development, en vue de faire avancer un projet respectant la législation européenne. Il s’agit de développer une technologie spécifique permettant d’identifier, aux points de contrôles de festivals, des individus ayant déjà eu maille à partir avec la justice. Le Viña Rock Festival, qui se tient à Villarrobledo dans la province d’Albacete, est l’exemple type d’un événement festif pour lequel la Guardia Civil aimerait disposer d’un outil technologique performant de reconnaissance faciale, auquel pourrait être couplé un système d’enregistrement des plaques d’immatriculation.

La faible densité de population des zones rurales où se tiennent ces événements festifs a pour corollaire la réduction des effectifs de police. L’intelligence artificielle viendrait alors assister les moyens humains insuffisants. Mais le Service d’Innovation Technologique de la Guardia Civil envisage également trois autres domaines d’application : la lutte contre le vol de matériel agricole, le repérage des plantations fournissant des produits stupéfiants et la traque des crimes environnementaux. Actuellement, aucun matériel disponible sur le marché ne répond aux attentes de la Guardia Civil, d’où un appel lancé aux services de recherche et développement de sociétés privées.

Mais ce projet, comme nous l’avons vu pour Mercadona, arrive à un moment où la reconnaissance faciale est particulièrement mise en cause, tant quant à sa faible fiabilité que pour la stigmatisation de certaines catégories de personnes qu’elle induit. En termes de fiabilité, nous sommes en effet très loin de la série « Person of Interest », car le taux d’erreur qui est d’environ 30% dans les milieux fermés peut dépasser les 90% en environnement ouvert, selon Gemma Galdón, la fondatrice dela Fondation Ethics.

Il n’en demeure pas moins intéressant qu’entre autres applications de moyens innovants, la lutte contre les crimes environnementaux pourrait par ce biais acquérir une dimension supplémentaire. Mais il ne faudrait pas s’imaginer que l’Espagne soit de ce point de vue un pays sous-développé. Avec la Suède, elle fait partie des deux seuls pays ayant un Parquet Environnemental. Côté police, le SEPRONA (SErvicio de PROtección de la NAturaleza) est une branche de la Guardia Civil spécialisée, entre autres, dans les enquêtes relevant de ce Parquet Environnemental. Ainsi, des outils technologiques fiables et innovants, intégrant ou non des programmes de reconnaissance faciale, lui seront toujours utiles.

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