La gueule de bois allemande

Après les élections de dimanche, tout le monde tente d’analyser comment le pays ait pu glisser ainsi vers l’extrême-droite. En attendant, les scores de l’AfD bloquent la formation de nouveaux gouvernements régionaux.

Avec des affiches pareilles, l'AfD a crée un climat de la peur. Pour ensuite récolter des votes. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Le nouveau leitmotiv de la société allemande est la peur. La peur des crises internationales, la peur du terrorisme et, bien sûr, la peur de tout ce qui est étranger. L’extrême-droite qui, depuis dimanche soir, se comporte comme le seul parti vraiment démocratique, a le vent en poupe et pour cause – l’AfD a été plébiscité par les électeurs qui sont tombés dans le piège que leur ont tendu les extrémistes xénophobes. Un peu comme en France.

A l’instar de Marine Le Pen, la chef de l’AfD Frauke Petry s’est abstenue dimanche soir sur les différents plateaux de télévision de prononcer une seule phrase radicale, une seule phrase xénophobe, en soulignant que si les médias n’avaient pas critiqué les dérapages verbaux de certains ténors de ce parti extrémiste, «le score aurait été encore largement supérieur». Mais comment commenter positivement les affiches électorales de l’AfD qui faisaient appel à peurs fondamentales des gens ? Comment commenter positivement la proximité personnelle et idéologique de l’AfD avec le mouvement de la rue «Pegida» qui lui, devient de plus en plus violent ? Comment commenter positivement le fait que ces extrémistes tentent de conduire l’Allemagne vers une «République de Weimar 2.0» ?

L’instabilité politique qui découle des élections de dimanche fait partie des choses qui font normalement horreur aux allemands qui aiment quand tout est bien ordonné. Le succès des extrémistes force les partis traditionnels à s’engager dans des coalitions que personne n’aurait pensé possibles il y en peu. Comme à l’époque de la «République de Weimar». Ajoutez à cela la violence xénophobe qui actuellement explose en Allemagne, les contre-mouvements de ceux qui défendent la «Willkommenskultur», rajoutez à cela les problèmes économiques qui attendent l’Allemagne dans le cadre de son changement démographique et des crises internationales qui auront un impact sur l’économie d’export allemande, et tous les ingrédients sont à nouveau réunis pour que l’Allemagne vire une nouvelle fois du mauvais côté.

L’AfD, tout comme le Front National en France, n’est pas géré par des imbéciles et c’est ça qui rend ces extrémistes si dangereux. Ils jouent sur le tableau des peurs des gens quand cela les arrange, ils se veulent rassurants quand ils ont réussi à angoisser une bonne partie de l’électorat. Et comme en France, ils manquent de projets, de perspectives politiques – mais ils n’en ont pas besoin. Ils n’ont pas besoin de programme, la haine et l’agressivité suffisent pour se présenter comme une «alternative». Du moins, pour une partie de l’électorat.

L’Allemagne a des mois difficile devant elle. La chancelière, malgré ses déclarations après ces élections («je continue sur ma lancée»), est affaiblie et cela est une mauvaise nouvelle pour l’Europe, mais surtout pour les dizaines de milliers de réfugiés qui attendent d’être fixés sur leur sort. Si les élections de dimanche étaient des élections régionales, leurs conséquences seront nationales et donc européennes.

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