La Hongrie a oublié son histoire

En 1956, de centaines de milliers d’Hongrois ont du fuir leur pays et ont été accueillis sans problème dans les pays occidentaux. Maintenant, la Hongrie de Viktor Orban va créer des camps d'internement. Honteux.

Interner ces gens ? Sous prétexte qu'ils n'auraient pas du sauver leur vie ? Honteux. Foto: Rebecca Harms, Wendland, Germany / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Le parlement hongrois vient de voter pour l’internement des réfugiés. Ces derniers seront désormais internés, le temps que leur demande d’asile soit traitée, dans des camps, enfermés, comme des criminels. La Hongrie de Viktor Orban, pays des barbelés, nie son histoire, fait preuve d’un manque de solidarité et viole les valeurs européennes. En principe, il faudra commencer à songer à des sanctions contre ce pays qui semble s’orienter plus vers la politique de la Turquie que vers les valeurs d’une Europe qui se veut humaniste.

Mars 2017. Ce sera le mois où on établit à nouveau des camps de concentration en Europe. Pour y enfermer des gens qui n’ont commis aucun crime autre que celui de courir avec leurs familles pour sauver leurs vies. Exactement ce que 250 000 Hongrois ont fait lorsque Moscou prenait le pouvoir à Budapest. Est-ce que les réfugiés hongrois ont été internés et séquestrés en arrivant dans les pays européens ? Non. A-t-on tout oublié en Hongrie ? Les 600 000 juifs hongrois assassinés dans des camps de concentration nazis ? Qu’est-ce qu’il motive la Hongrie aujourd’hui de priver des êtres humains de leur dignité et de leur liberté ?

La décision du parlement hongrois concerne femmes, hommes, enfants. L’idée que des enfants soient enfermés dans des camps en Europe, est insupportable. Et cette décision frappe une population déjà traumatisée par les événements ayant motivé leur fuite, pour leur infliger de nouveaux traumatismes liés à cette incarcération.

Le populisme conduit à nouveau à des camps. Avec un raisonnement proche de celui des Nazis. « Les réfugiés représentent un danger pour ‚l’identité chrétienne‘ », dit Viktor Orban. Remplacez le terme « réfugiés » par « Juifs », et vous y êtes. Et Viktor Orban ne fait que stimuler des peurs irrationnelles – par exemple en martelant que « nous sommes assiégés par les réfugiés ». Assiégés ? Par les 1248 réfugiés que la Hongrie est censée accueillir ? Ou par les 600 réfugiés qui moisissent déjà dans des campements le long de la frontière hongroise ?

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’UNESCO, l’UNHCR, est formel – « La nouvelle loi viole les obligations hongroises selon le droit international et européen », disent les experts. « Elle aura un effet terrible sur la santé physique et psychologique de ces femmes, enfants et hommes ayant déjà vécu des choses horribles. » Quelles seront alors les réactions à cette politique indigne d’un état-membre de l’Union Européenne ?

Il est temps que l’UE réagisse face aux agissements xénophobes, racistes et discriminatoires dont font preuve les « états de Visegrad ». L’Union Européenne ne peut pas se permettre de laisser passer ce genre d’évolution – au risque de perdre le peu de crédibilité qui lui reste. De nouveaux camps de concentration en Europe, ce n’est tout simplement pas possible.

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