La Hongrie de Victor Orbán s’éloigne de l’Europe

Attaques sur la liberté de la presse, pression sur l’opposition, débats sur la réintroduction de la peine de mort - la Hongrie s’éloigne de ce qui reste des valeurs européennes.

Deux qui s'entendent à merveille - Victor Orbán et Vladimir Poutine. Foto: www.kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Victor Orbán, le ministre-président de la Hongrie, est un homme politique pour le moins étrange. Malgré le fait que son pays fasse partie de l’Union Européenne, il se comporte un peu comme le dictateur de la Biélorussie Loukachenko – et actuellement, il réfléchit à haute voix à une mesure qui risque de se solder par la sortie de la Hongrie de l’Union Européenne.

En effet, Orbán aimerait bien réintroduire la peine de mort, après l’assassinat d’une jeune femme en Hongrie. Orbán, habitué du populisme politique, profite de cette situation tragique pour relancer un débat que nous pensions terminé en Europe. La réintroduction de la peine de mort conduirait la Hongrie vers le Moyen Age et surtout, hors UE. Car avant d’entrer au Conseil d’Europe en 1990, la Hongrie a du abolir la peine capitale et les statuts de l’UE sont également formels – pas de peine de mort dans un état-membre. Est-ce que la Hongrie serait le prochain candidat à une sortie de l’UE, après le «Grexit», le «Brexit», maintenant le «Honxit» ?

Le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker a réagi avec une fermeté que l’on n’observe pas souvent chez lui. Si jamais la Hongrie devait s’amuser à réintroduire la peine de mort, ceci constituerait une «raison de divorce», a-t-il déclaré dans une interview accordée à la Süddeutsche Zeitung. Il a raison. Car l’Europe peine actuellement à véhiculer l’image d’un continent moderne, humaniste et éclairé – il suffit de regarder vers la Méditerranée où actuellement, l’Europe regarde les bras croisés les navires commerciaux sauver de milliers de vies humaines.

Sur un plan juridique, l’UE disposerait de moyens puissants pour sanctionner la Hongrie si Victor Orbán devait réellement réintroduire la peine de mort. L’article 7 des traités européens stipule que l’Union puisse prononcer des sanctions à l’encontre d’un état-membre qui «viole de manière grave et durable» les valeurs européennes. Ainsi, la Hongrie pourrait se voir interdire le droit de vote au Conseil Européen, donc là, où les puissants de l’Europe prennent leur décisions. Ce qui constituerait l’avant-dernière étape avant une exclusion.

Mais même sans la peine de mort, il faudra se poser la question comment se comporter vis-à-vis d’un leader politique qui a annoncé vouloir créer une «démocratie non libérale», selon l’exemple russe ou chinois. Pour Orbán, la «démocratie libérale» au sens occidental, devrait être abolie – est-ce que cela ne constitue pas déjà une infraction à l’article 7 ?

La Hongrie se trouve actuellement sur une pente raide. Son gouvernement se comporte de manière anti-européenne, anti-démocratique et carrément dangereuse. Si cela vaut également pour d’autres états européens, il faudra commencer à faire le ménage en Europe, à commencer par ceux qui violent les Droits de l’Homme les plus fondamentaux. Comme, par exemple, le droit de vivre.

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