La «Kazakhstan Connection» – pecunia non olet

Selon DER SPIEGEL, plusieurs anciens politiques allemands de toutes sensibilités seraient impliqués dans un scandale de lobbying pour le dictateur du Kazakhstan Nursultan Nasarbajev.

Quand on est dictateur du Kazakhstan comme Nursultan Nazarbayev, on peut se permettre tout... Foto: Astana Economic Forum / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Lorsqu’il s’agit de gros sous, on peut rapidement oublier ses convictions politiques. Comme le révèle le magazine allemand DER SPIEGEL, plusieurs politiques allemands, dont l’ancien chancelier Gerhard Schröder, auraient rendu service au dictateur kazakh Nasarbajev en joignant un «cercle de consultants» par le biais du cabinet d’avocats viennois Lansky, Ganzger & Partenaires – et surtout, en encaissant des compensations financières importantes. Sur la liste : outre Gerhard Schröder, on y trouve également l’ancien ministre de l’intérieur Otto Schily (si, si, celui qui, à l’époque, faisait partie des défenseurs des terroristes de la RAF, avant de se convertir en Vert, pour finalement rejoindre le SPD), mais également le virulent et ultraconservateur Peter Gauweiler, l’un des faucons de la CSU bavaroise.

L’engagement pour le dictateur kazakh aurait été une activité lucrative, rémunérée jusqu’à 300.000 € par an – rien ne vaut une bonne image et la respectabilité à l’ouest, lorsque l’on travaille si dur à opprimer son peuple.

Si les politiques se trouvant sur cette liste se sont engagés pour servir les causes du dictateur des steppes après leur carrière politique, on est en droit de se demander où reste l’intégrité politique des «elder statesmen». Bien entendu, le dictateur kazakh n’apparait pas à titre personnel dans ce dossier, les contacts (et les paiements) étant passés par ce cabinet d’avocats à Vienne. L’un des dossiers aurait concerné la tentative kazakhe de faire emprisonner le gendre du dictateur Rachat Alijev qui, ayant perdu les faveurs du dictateur, s’était réfugié en Allemagne. L’ancien ministre Otto Schily serait intervenu en 2012, selon DER SPIEGEL, auprès du ministre de l’intérieur de la Rhénanie du Nord – Westphalie Thomas Kutschaty, pour que ce dernier s’active dans le dossier. Face à l’échec de la démarche, les honoraires de Schily auraient été revus à la baisse, ce qui a motivé Otto Schily d’écrire aux avocats pour exprimer son indignation : «Je n‘ai pas l‘habitude de renégocier mes honoraires». Ben, voyons…

Le fait que les autorités allemandes n’aient pas réagi à la demande d’Otto Schily, n’a pas pu sauver Rachat Alijev. Arrêté à Vienne, il était censé être expulsé vers le Kazakhstan – la veille de son extradition, l’homme a été retrouvé mort dans sa cellule. Et personne n’est surpris que le rapport légiste ait conclu à un suicide.

Si la politique actuelle demande à ce que ce dossier soit clarifié publiquement, les politiques concernés réfutent le soupçon d’avoir servi la cause du dictateur kazakh. Personne n’a travaillé pour le dictateur Nasarbajev, bien sûr. Si l’épouse de Gerhard Schröder s’est dépêché de commenter sur Facebook que «l‘histoire présenté par DER SPIEGEL n’était pas vraie», Otto Schily, lui, n’y voit pas d’inconvénient. Après tout, dit-il, il n’a pas travaillé pour le dictateur kazakh, mais uniquement pour un cabinet d’avocats à Vienne. Comme quoi, pecunia non olet. L’argent n’a pas d’odeur…

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