La liberté de la presse est menacée partout

Dans le monde, cinq personnes sur six vivent dans des pays où les médias ne peuvent pas dire ce qu'ils veulent. Ainsi, les médias deviennent de plus en plus des instruments de propagande.

Dans un tiers des pays du monde, le métier de journaliste comporte des risques. Un mauvais signe pour la démocratie. Foto: U.S. Army / Wikimedia Commons

(KL) – L’analyse de Karin Karlekar, chef de projet chez l’institut de recherche américain «Freedom House» est accablant. «Nous constatons une détérioration de la liberté de la presse au niveau mondial, engendrée par des efforts des gouvernements de contrôler les messages et de punir les messagers», a-t-elle commenté le rapport annuel publié le 1er Mai, «Dans toutes les régions du monde, nous avons trouvé l’année dernière des gouvernements et acteurs privés attaquer des journalistes et bloquer physiquement l’accès au manifestations importantes. Des contenus ont été censurés et des journalistes ont été licenciés pour des raisons politiques.»

Ce constat de Freedom House est amer. Car il ne concerne pas que des pays comme le Turkménistan ou la Corée du Nord (derniers du classement), mais aussi des pays dans des régions comme l’Europe. La Turquie a été classée pour la première fois comme «not free», tandis que d’autres pays européens comme la Hongrie ou la Bulgarie n’ont pu faire mieux que «partly free». L’Allemagne se classe 16e, tandis que la France n’occupe que le 20e place – même si les médias dans nos deux pays obtiennent un «free», les attaques du gouvernement sur des médias comme «Mediapart» ne sont pas restées inaperçues.

Sur 197 états examinés dans le cadre de cette étude, 63 sont considérés comme «free», à des degrés différents. Les champions sont, peu surprenant, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède. 68 pays sont considérés comme «partly free» et 66 comme «not free». Dans les pays classés «free» ne vivent que 15% de la population mondiale.

Dans quasiment tous les pays où règne l’instabilité politique, la presse est contrôlée. Que ce soit l’Ukraine ou les pays du Printemps Arabe – dans ces pays, le travail des journalistes comporte un vrai danger pour leur sécurité. Des graves problèmes ont été relevés chez les deux «super-puissances» qui sont les Etats-Unis et la Russie. Aux Etats-Unis, le rapport constate une dégradation de la liberté de la presse, car le gouvernement américain tente systématiquement d’empêcher le travail journalistique concernant les sujets qui touchent la sécurité. Surprise – les mêmes dégradations ont été relevées dans des pays comme la Grèce ou même la Grande Bretagne.

Est-ce que cela constitue un raison pour se reposer, content, en estimant que la liberté de la presse ne soit qu’un sujet qui concerne les autrs ? Non, car même dans les pays où la presse est considérée comme «libre», il existe des problèmes. De nombreux médias font partie de grands groupes financiers ou sont en partie financés par le secteur public (par exemple, en publiant le Journal Officiel moyennant des sommes indispensables pour le fonctionnement de ces médias).

Bien sûr, dans les pays dits «free», les journalistes ne doivent pas craindre pour leur sécurité ou leur vie en excerçant leur métier. Mais cela ne veut pas encore dire que la presse dans ces pays soit libre. Même dans notre belle région, des politiques ou autres acteurs essayent de faire taire des journalistes. Cela passe par des coups de fil à l’intérieur des réseaux, souvent, il suffit d’un rappel de la contribution financière pour empêcher des articles ou pour faire «punir» les journalistes. Et oui, même chez nous, dans le fief de l’humanisme rhénan, au centre de l’illumination humaniste, on a vu des politiques locaux demander aux rédactions si un tel ou un tel journaliste ne pouvait pas être retiré des sujets politiques.

La liberté de la presse doit être défendue. Et ce, non seulement dans les pays ayant obtenur la note «not free», mais dans tous les 197 pays. Lorsque la liberté de la presse n’est pas respectée, c’est la démocratie qui est en péril.

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