La nouvelle extrême-droite allemande se sent un peu seule

Le week-end, les eurosceptiques de l’AfD avaient rejoint l’extrême-droite en élisant l’ultranationaliste Frauke Petry à la tête du parti. Depuis, les membres désertent l’AfD.

Frauke Petry a du mal à sortir de l'ombre du fondateur de l'AfD Bernd Lucke. Foto: Olaf Kosinsky, Skillshare.eu / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0 de

(KL) – «Je vous prie de ne pas prendre une décision de manière précipitée», a écrit la nouvelle patronne de l’Alternative für Deutschland (AfD), Frauke Petry, dans un courriel adressé à l’ensemble des membres du parti. Depuis qu’elle avait réussi le week-end dernier de chasser le fondateur de l’AfD Bernd Lucke, opérant par ce biais un rapprochement avec l’extrême-droite allemande, de centaines de membres ont déjà déclaré leur démission. Et les sondages confirment l’implosion du parti organisée par celle que certains médias surnomment déjà la «Sarah Palin allemande». Pour la première fois depuis un bon moment, l’AfD n’entrerait pas au Bundestag si les Allemands avaient à voter dimanche prochain. Son succès personnel aura eu un prix fort – la dégringolade de l’AfD.

Après que l’une des figures de proue de l’AfD, Olaf Henkel, ancien chef du patronat allemand, avait quitté spontanément le parti après la prise du pouvoir par Frauke Petry, le courant autour du professeur d’économie Bernd Lucke réfléchit à voix haute sur la possibilité de fonder un nouveau parti. Trop tard – le potentiel d’électeurs ne suffira pas pour l’AfD et un éventuel nouveau parti, les deux n’auraient aucune chance de s’imposer dans les élections à venir comme l’avait fait l’AfD depuis un an et demi.

Olaf Henkel, eurodéputé AfD, n’a pas mâché ses mots en expliquant pourquoi il avait quitté le parti. «De nombreux adhérents n‘ont pas seulement opté pour une orientation vers l‘extrême-droite, mais également pour la grossièreté, les protestations et la diffusion de préjugés», a-t-il déclaré. Ce qui n’était pas du goût des fondateurs de ce parti qui s’était crée autour de sujets économiques et surtout, autour de la question de l’euro. L’AfD avait défendu une position qui favorisait une réorganisation de la zone euro qui, selon l’AfD, devrait avancer à deux vitesses. Cette orientation lui avait valu jusqu’à 7% des votes dans les dernières élections régionales. Un score que la «nouvelle» AfD de Frauke Petry n’atteindra plus – sauf dans une poignée de villages dans l’est de l’Allemagne, le pays n’a pas besoin d’un parti qui représente les positions xénophobes et irrationnelles de la «Pegida».

Frauke Petry, visiblement irritée par les nombreuses défections des membres, a beau écrire «qu‘aucun changement d‘orientation du parti n‘interviendra» – plus personne n’est dupe. Pour arriver à la présidence de l’AfD, elle avait fait appel aux ultranationalistes, tout en reprochant à Lucke son orientation économique. Mais les paroles populistes ne convainquent qu’une petite partie des membres de l’AfD, même si Frauke Petry avait réussi à obtenir une majorité des délégués de l’AfD lors du congrès du week-end dernier. Il s’agit d’une erreur d’appréciation – elle avait été persuadé que la majorité des membres de l’AfD partageaient ses positions d’extrême-droite, ce qui n’est pas le cas.

«Laissez le temps à la nouvelle présidence et au parti», a-t-elle imploré les membres dans son courriel. Mais e vue de la vague de défections qui déferle sur l’AfD, cet appel risque de ne plus faire la différence.

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