Là où mène la haine

Planter ceci sur le terrain de construction d'une mosquée, c'est dégueulasse. Foto: Rene Cunningham / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Pour vouloir construire une mosquée en Thuringe, il faut du courage. Dans les Länder de l’ancienne RDA, la xénophobie est devenue une attitude tout à fait acceptable et acceptée – et des extrémistes y commettent des actes dégeulasses. Voilà le résultat du discours d’une extrême-droite décomplexée, partiellement repris par d’autres formations politiques chercheant des votes à l’extrême-droite.

Sur le terrain de construction de la mosquée par la communauté musulmane Ahmadiyya, des inconnus ont érigé pendant la nuit, des croix et des piques en bois sur lequelles ils ont empalé un cadavres de cochon, une sorte de malediction sur ce terrain sacré pour cette communauté qui elle, est reconnue par l’état allemand (il s’agit de la seule communauté musulmane en Allemagne ayant le même statut légal que les églises chrétiennes).

Sur 9 de ces installations, hautes de jusqu’à 1,5 m, les ouvriers ont trouvé lundi matin, une demi-tête d’un cochon, des pattes et des cochonailles – la pire insulte imaginable pour cette communauté réputée modérée et paisible.

Le projet de construction de cette mosquée avait été controversé et ce sont des représentants de l’AfD qui ont versé de l’huile sur le feu des extrémistes-xénophobes. Ainsi, Bernd Höcke (qui, un moment donné, se trouvait à deux doigts de se faire expulser de l’AfD suite à sa critique carrément révisionniste du monument de l’Holocaust à Berlin), avait martelé que ce projet de construction d’une mosquée « faisait partie d’un projet de prise de territoire organisé sur le long terme », insinuant que la communauté musulmane était sur le point d’imposer sa croyance aux braves gens de la Thuringe.

Mais là où il y a des esprits faibles, ce genre de discours fournit la « justification » pour ce genre d’acte odieux. Organiser des conférences sur le « discours de haine » ne sert pas à grande chose lorsque les responsables politiques s’amusent eux-même à stimuler cette haine.

C’est la police criminelle qui est en charge de l’instruction du dossier, mais on prend les paris que la police se heurtera à l’omertá. Généralement, dans les Länder de l’ex-RDA, les investigations sur les crimes et délits de nature raciste et xénophobes souffrent d’un terrible manque de succès, au point où on peut se poser la question quant au sérieux du travail de la police sur ce genre de dossier.

La « Willkommenskultur » semble toucher à sa fin en Allemagne, la violence (plus de 3500 attaques contre des structures d’accueil et des personnes issues de l’immigration ont été enregistrées en 2016) s’installe au pays, surtout en ex-RDA.

A la politique d’intervenir, à la police de faire son travail et ce, sans aucune complaisance pour les criminels qui sèment la peur et la haine et qui veulent créer un climat d’angoisse qui profiterait à cette extrême-droite raciste, violente, bête et méchante. Wehret den Anfängen… même si ça fait un moment qu’on ne peut plus parler de « Anfängen »…