La politique allemande au point mort

Après le retrait des libéraux du FDP des discussions sur la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale, l’Allemagne se dirige vers des élections anticipées.

Derrière, les 4 partis négociaient, devant, les gens manifestaient. Mais finalement - tout le monde retourne à la case de départ. Foto: GPSLeo / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Ceux qui avaient rêvé d’une coalition « Jamaïque » en Allemagne (CDU/CSU, FDP, Verts), se sont brusquement réveillés cette nuit. A 23h55, le chef du FDP Christian Lindner se présentait devant les journalistes à Berlin pour annoncer le retrait de son parti des discussions. Après 5 semaines de pré-négociations, les quatre partis ne pouvaient même pas s’accorder à ouvrir officiellement des négociations – et 2 mois après les élections législatives, l’Allemagne se trouve dans une crise gouvernementale. Seule issue réaliste – des élections anticipées.

L’Allemagne n’aura pas de nouveau gouvernement cette année – la CDU/CSU, le FDP et les Verts n’ont pas réussi à trouver un terrain de négociation en vue de la formation d’une coalition gouvernementale. La question de l’accueil de réfugiés, la politique de protection climatique, le financement des différentes mesures prévues – en l’absence d’une vraie perspective commune, le FDP s’est retiré des négociations. Pourtant, les 4 partis avaient sérieusement tenté de trouver un dénominateur commun, ils ont cherché des compromis, ils ont créé des expressions comme « cadre respirant » pour désigner la limitation du nombre de réfugiés que la CDU, la CSU et le FDP voulaient imposer aux Verts. Mais malgré ces efforts, entre des partis qui se considèrent « en temps normal » comme des adversaires politiques, une entente n’a pas pu être trouvée.

Désormais, et en vue du refus du SPD de réitérer une « Grande Coalition » CDU/CSU-SPD, il ne reste plus que deux possibilités. Soit, la CDU/CSU assume un gouvernement minoritaire, une forme de gouvernement qui n’a jamais été pratiquée en République Fédérale et qui implique que le gouvernement devrait chercher des majorités pour chaque dossier dans de difficiles négociations avec l’opposition ; soit, l’Allemagne organise des élections anticipées.

Dans tous les cas de figure, la grande perdante est celle que l’on n’a pas beaucoup vu pendant les discussions entre les 4 partis – la chancelière Angela Merkel. Visiblement affectée par son mauvais résultat lors des élections du 24 septembre, la chancelière n’a pas beaucoup pesé sur ces pré-négociations, loupant ainsi l’occasion d’affirmer son leadership dans un nouveau gouvernement.

Si de nombreux observateurs estiment que la chancelière ne se représenterait plus en cas d’élections anticipées, la CDU ne dispose pas de dauphin à présenter à court terme. Les trois seules candidates à la succession d’Angela Merkel n’ont pas (encore) le poids nécessaire pour renverser la tendance actuelle. Ursula von der Leyen et Julia Klöckner n’ont pas le profil pour mener la CDU et la ministre-présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer, n’a pas encore le standing nécessaire au niveau national pour pouvoir postuler à la chancellerie. Il serait donc plus probable qu’Angela Merkel conduise la CDU encore une fois dans une campagne, pour éventuellement ne pas aller au bout de son mandat en cas de victoire électorale.

En ce qui concerne les sondages pour d’éventuelles élections anticipées – selon l’ensemble des grands instituts de sondage, la situation ne changerait que marginalement. Si le FDP et l’AfD pourraient gagner un à deux pourcent des votes, si la CDU et le SPD pourraient en perdre autant, le rapport de forces resterait inchangé, aussi après des élections anticipées. Ce qui signifierait que tout ce cirque recommencerait à nouveau. C’est compliqué. Et, par moment, ennuyeux. A suivre.

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