La politique allemande n’est pas un long fleuve tranquille
On n'entend pas beaucoup parler de la politique allemande, et cela conduit à la pensée erronée que tout s'y passe calmement. Mais la situation politique y ressemble beaucoup à celle en France.

(KL) – En France, on n’entend pas beaucoup parler d’Olaf Scholz (SPD), le chancelier, de Friedrich Merz (CDU), son challenger aux prochaines élections législatives en 2025, de Christian Lindner (FDP), le ministre des finances ou de Robert Habeck (Verts), le « super-ministre » de l’économie et de l’environnement. Et puisqu’on n’entend pas beaucoup parler de ces gens-là, on pourrait avoir l’impression que tout s’y passe calmement. Mais ce n’est pas le cas.
Même si le drame politique, une spécialité française, surtout sous un président-roi comme Emmanuel Macron, a poussé le pays dans une crise politique sans précédent dans la Ve République, il y a des parallèles entre la situation politique en France et en Allemagne. A commencer par le fait que les dirigeants des deux pays ont été totalement désavoués par les électeurs récemment, au point où autant Macron que Scholz tournent aux alentours des 15% d’approbation dans leurs pays respectifs. Mais dans une démocratie représentative, être rejeté par 85% de la population, pose un sérieux problème de représentativité, autant en France qu’en Allemagne.
A quelques semaines de trois élections régionales en Allemagne, dans le Brandebourg, en Saxe et en Thuringe, les sondages indiquent un séisme politique qui attend l’Allemagne à la rentrée. Si le SPD arrive encore à 19% dans les sondages dans le Brandebourg, la situation pour les trois partis qui forment le gouvernement fédéral, est catastrophique en Saxe et en Thuringe – dans les deux Länder, les trois partis totalisent ensemble actuellement seulement 12% (!) dans les sondages et risquent d’échouer sur la barre des 5%, ce qui veut dire qu’ils pourraient disparaître des parlements en Saxe et en Thuringe, pour laisser la place aux extrémistes de l’AfD et du nouveau BSW qui ont le vent en poupe. Pourtant, malgré ces projections catastrophiques, le SPD, le FDP et les Verts continuent à se chamailler à Berlin comme si rien n’était.
Pourtant, comme en France, l’Allemagne se trouve à la veille d’un changement politique radical. Il paraît clairement que même s’ils le souhaitaient, les partis traditionnels ne seraient plus en mesure de « faire barrage » à l’extrême-droite qui, du moins en Saxe et en Thuringe, vise le pouvoir et ce serait la première fois depuis 1945 qu’une formation d’extrême-droite arriverait au pouvoir dans un Land allemand. Bien sûr, cela ne pourra pas rester sans conséquences à Berlin où les trois partis au pouvoir s’approchent du dépôt de bilan politique.
Pourtant, il n’y aura pas de dissolution du parlement, pour la simple raison que les Allemands éliront le nouveau Bundestag déjà l’année prochaine et avant, une dissolution ne ferait pas beaucoup de sens. Donc, le SPD, le FDP et les Verts essayeront d’aller jusqu’au bout de leur mandat, avant de perdre définitivement le pouvoir dans une situation où, comme en France, tout le pays glisse vers la droite ou même l’extrême-droite.
Les trois élections régionales auront lieu au mois de septembre et il faudra s’attendre à une véritable crise politique en Allemagne. Même si tout s’y passe plutôt calmement pour l’instant, le « big bang » arrivera avant la fin de l’année, et les partis ne pourront pas faire autrement que de réagir à cette glissade vers les extrêmes qui s’y annonce, comme en France.
La faute à qui ? Comme en France, on assiste en Allemagne à l’implosion des partis traditionnels qui fonctionnent comme ils ont toujours fonctionné, qui ne comprennent pas que les temps ont changé avec la Révolution technologique et qui soignent une seule chose, leurs « réseaux » internes, sans se rendre compte que cela fasse fuir les électeurs.
L’Allemagne, même si cette descente en enfer se passe de manière moins pathétique qu’en France, est sur le seuil d’entrer dans une crise politique comme elle ne l’a pas connue depuis de longues années. Certes, ça crie moins fort sur les plateaux de télévision, certes, les attaques des uns sur les autres se passent de manière légèrement plus civilisée, mais cela ne veut pas dire que la politique allemande fonctionne. Elle ne fonctionne pas, tout comme en France, où il faut également se préparer à un « automne chaud ».
Mais finalement, les Macron, Scholz & Cie. l’ont bien cherché et ils méritent d’être désavoués par les électeurs et électrices. La plus grande différence entre les deux situations politiques est probablement qu’en Allemagne, les politiques désavoués aux urnes, partiront. Et ça, c’est pour très bientôt.
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