La politique allemande parle de «grande invasion»

Nous ne sommes plus à l'époque des Vandales, des Huns ou des Goths - donc, parler de "grande invasion"... Foto: Sansculotte / Wikimedia Commons / GFDL

(KL) – Rarement, les responsables politiques étaient tellement d’accord. Que ce soit l’extrême-droite, la droite, les social-démocrates, les Verts ou Die Linke, tout le monde utilise maintenant le même terme pour désigner l’afflux de réfugiés – «grande invasion», «Völkerwanderung» en Allemand. Mais le monde où actuellement, quelque 60 millions de personnes sont en fuite, n’est pas à son premier grand mouvement migratoire. Qu’on se rassure, l’Europe survivra. D’autant mieux s’il trouve le courage de faire passer ceux par la caisse qui dans le passé, ont le plus profité de l’exploitation des pays d’où les gens fuient massivement.

La terminologie est mal choisie, car l’expression «Völkerwanderung» fait penser à des hordes de Goths qui, en écrasant tout sur leur passage, se dirigent vers l’ancienne Rome pour y mettre un terme à des millénaires d’un empire historique. Cette expression stimulera une nouvelle fois la haine et la violence de ceux qui ne comprennent pas que les flux migratoires ne soient pas donnés par Dieu, mais le résultat d’une mauvaise politique menée pendant des siècles. Bien sûr, le nombre de migrants arrivant par exemple en Allemagne (on estime leur nombre à plus de 800.000 pour la seule année 2015), pose un problème. Mais il ne s’agit pas d’un problème politique, mais d’un problème purement logistique. A un moment où les capacités d’accueil sont limités, eh ben, il faudra les élargir et faire attention de ne pas utiliser un langage qui incitent des faibles d’esprit de se livrer à des actes de violence vis-à-vis de ceux qui ont eu moins de chance que nous.

Mais ils l’utilisent tous, ce terme malheureux de «Völkerwanderung».Bodo Ramelow (Die Linke), Sigmar Gabriel (SPD), Elmar Brock (CDU), Horst Seehofer (CSU), tous parlent de «Völkerwanderung». La seule à ne pas avoir déjà utilisé ce terme, c’est Angela Merkel. Qui, comme souvent, a attendu très longtemps avant de condamner les violences xénophobes en Saxe. Fidèle à son habitude, elle a attendu d’abord de voir comment se comporte la «vox populi» avant de prendre position. Une stratégie d’une inefficacité politique absolue, mais une stratégie qui lui fait gagner des élections.

Alors, comment faire face à ce «plus grand défi depuis la réunification allemande» (Sigmar Gabriel) ? D’abord, en cessant de vociférer en permanence sur des réfugiés, comme le fait le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière, en cessant de discuter des proposition aussi aberrantes que celle d’enlever l’argent de poche aux réfugiés, en appliquant un discours plus positif et en libérant les moyens financiers nécessaires pour pouvoir accueillir ceux qui viennent. Et là, il faut oser. Oser taxer les plus grandes fortunes, disons celles qui dépassent les 5 millions d’euros, en leur imposant une taxe de solidarité internationale de 5% sur la fortune. Pour assurer la dignité de vie aux plus pauvres, pourquoi ne pas faire payer les plus riches ? Qui de toute manière n’emporteront pas leur pactole vers l’au-delà…

Ne nous réclamons-nous pas de la doctrine chrétienne en Europe ? Est-ce que cette doctrine ne veut pas qu’il faille aider son prochain ? Alors, il faut rappeler ce principe et l’imposer, si nécessaire. Et avant toute autre chose, il faut que nos responsables revoient leur manière de parler. On ne peut pas dénigrer en permanence les réfugiés et demandeurs d’asile tout en s’étonnant des excès de violence auxquels nous assistons actuellement en Allemagne.

1 Kommentar zu La politique allemande parle de «grande invasion»

  1. Cela fait huit mille ans que ça dure. Et à supposer que les Terriens trouvent la paix, cela serait une grande injustice vis-à-vis de tous ceux et celles qui ont dû souffrir la misère, l’injustice et l’oppression.
    Pierre Hemmerlé

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