La politique du possible

Le « Traité d'Aix-la-Chapelle » signé hier par Angela Merkel et Emmanuel Macron ouvre effectivement un nouveau chapitre européen. Celui de l'action. Si tout le monde y met du sien.

Emmanuel Macron et Angela Merkel signent le "Traité d'Aix-la-Chapelle" - un nouveau chapitre dans les relations franco-allemandes ? Foto: (c) Patrick Hetzel / EJ 2019 / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Contre toute la morosité ambiante, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont signé hier le « Traité d’Aix-la-Chapelle », un accord qui vient compléter le « Traité de l’Elysée », donc le traité de l’amitié franco-allemande. Mais cette fois, le traité va plus loin et offre de nouvelles possibilités. Si certains éléments manquent pour accélérer le processus franco-allemand déclenché par la signature de ce traité, il représente une occasion en or, non seulement pour les relations franco-allemandes, mais également pour un nouveau projet européen. A un moment où l’Union Européenne bat de l’aile, le 22 Janvier 2019 a le potentiel de devenir un jour historique. Seul bémol – la balle est désormais surtout dans le camp des responsables locaux et régionaux. Pour eux, cette évolution se traduira par un grand surplus de travail ; en revanche, dans ce nouveau contexte, ils n’auront plus d’excuses pour la lenteur des progrès dans le domaine transfrontalier.

Le nouvelle politique du possible se lit dans le texte du nouveau traité. Les deux pays se mettent d’accord sur les sujets convergents, et reportent les sujets où les deux pays ont des positions divergentes. On s’occupe de ce dont on peut raisonnablement s’occuper pour arriver à des résultats. Pour les « grands » sujets, la France et l’Allemagne affichent des ambitions nouvelles – les concertations préalables aux sommets européens permettront de parler à l’Union Européenne avec le poids de presque un tiers des citoyens et citoyennes européens. La création de groupes de consultation thématiques pour quasiment tous les domaines politiques, est donc une excellente chose.

Deux points de l’ordre diplomatiques sont également remarquables et traduisent l’esprit de ce nouveau traité, même s’il y a des chances pour qu’elle ne se concrétisent pas. D’une part, l’Allemagne s’engage à soutenir la France au cas où la France serait agressée, et ce soutien inclut explicitement aussi l’armée allemande – un changement de politique fondamental pour l’Allemagne qui, depuis la IIe Guerre Mondiale, s’est tenue à l’écart de toute participation militaire – en dehors du soutien logistique, de formation et médical lors d’opérations des Casques Bleus. La promesse d’intervenir militairement en cas d’attaque sur la France constitue un pas énorme pour l’Allemagne. Tout comme la promesse française de soutenir la requête allemande qui souhaite occuper un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. Si les deux pays souhaitent in fine que ce siège soit occupé par un représentant de l’UE, l’approche commune des deux pays est également remarquable.

Une porte s’ouvre pour la coopération, et même l’intégration des régions transfrontalières le long du Rhin et entre la Lorraine et ses voisins sarrois et palatins. Si pour l’instant, on n’aperçoit que les contours de cette porte qui remplit tout un chapitre du « Traité d’Aix-la-Chapelle », la chose transfrontalière a le vent en poupe, même si le tout reste encore un peu flou. On apprend la mise en œuvre d’un « fonds citoyens » destiné à soutenir « des échanges entre villes jumelés et des projets citoyens » – et là, on aimerait savoir quel en sera le montant alloué et quels en seraient les critères d’éligibilité, sachant que ces paramètres seront déterminants pour le succès ou l’échec d’une telle mesure. En revanche, la mise en œuvre d’un espace économique commun pourrait très rapidement expérimenter une réalisation dans le cadre du projet du Parc Industriel à Fessenheim, projet résolument franco-allemand qui pourrait déjà profiter de dérogations des textes nationaux qui feraient obstacle à la concrétisation rapide de ce projet de développement économique important pour le Rhin Supérieur.

Ce qui existe déjà devrait se trouver renforcé par ce nouveau traité. Même si on avait espéré trouver une mention nominative des Ecoles Professionnelles à Kehl qui ont vocation de devenir un Centre Franco-Allemand de formation professionnelle, l’esprit qui règne sur les relations franco-allemandes devrait favoriser cette évolution. Pareil pour des structures comme le Centre Européen de la Consommation, autre structure franco-allemande et européenne à Kehl, qui devrait également être renforcé dans le cadre de cette évolution vers une politique du possible.

La politique du possible semble avoir au moins ralenti le projet d’un « Parlement Franco-Allemand ». Si officiellement, on explique que celui-ci sera créé dans le cadre d’un addendum au nouveau traité, ce Parlement ne verra donc pas le jour immédiatement. Si, en attendant qu’il soit ficelé, les responsables s’occupent des autres domaines couverts par le nouveau traité, tant mieux.

Et – cette nouvelle politique du possible pourrait faire école au niveau européen. Car cette approche permet de livrer des résultats concrets et tangibles et c’est exactement ce qu’ Allemands, Français et Européens attendent. Donc, bonne chance au « Traité d’Aix-la-Chapelle » dont la mise en œuvre sera attentivement suivie des deux côtés du Rhin !

1 Kommentar zu La politique du possible

  1. Peter Cleiß // 27. Januar 2019 um 10:50 // Antworten

    Die Deutsch-Französische Berufsschule wird in der Projektliste zum Aachener Vertrag stehen – sie steht aber nicht auf der Liste der 15 priorisieren Projekte die der Ministerrat verabschieden soll.
    Dieser Umstand weist auf ein grundsätzliches Problem: überall dort, wo der deutsche Föderalismus die Zuständigkeit bei den Ländern sieht (im Beispiel einer DF Berufsschule in Kehl-Strasbourg das Land Baden-Württemberg also) können Berlin und Paris nur „Wünsche“ äußern. Das heißt auch: wenn Stuttgart nicht will bleibt es beim „wünschen“. Und dies gilt in Bildungsfragen im Prinzip für die komplette Europa-Politik Deutschlands.
    Dass Baden-Württemberg (zum Beispiel eben erst beim Thema Digitalpackt) nach Oben gegenüber der Bundesregierung die Anwendung des Subsidiaritätsprinzip einforderte und zugleich nach Unten die Anwendung des selben Prinzips gegenüber Baden-Württembergischen (Grenz-) Regionen verweigert, macht deutlich, wo es bei den Deutschen Europa-Bemühungen hackt.

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