La précarité tue

L'hiver est en train d'arriver et une nouvelle fois, et pour les environ 200 000 sans-abris en France, la lutte pour la survie commence à nouveau. Comme tous les ans.

ut On s'est presque habitué à ce genre d'image - mais il ne faut pas s'y habituer. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – 200 000 personnes vivent dans la rue en France, estiment les associations caritatives qui s’occupent de ceux dont plus personne ne s’occupe. L’année dernière, 566 sans-abris sont morts dans nos villes, dans le froid, devant des magasins de luxe, dans l’indifférence générale. Pourtant, la précarité n’est pas un destin infligé par une force supérieure, elle est le résultat d’une volonté politique – celle de ne pas intervenir.

Le PIB (Produit Intérieur Brut) de la France se situe à environ 2500 milliards d’euros – si un tel budget ne permet pas de combattre la précarité, c’est que la politique a défini d’autres priorités. Mais la France n’est pas la seule dans ce cas : dans la quasi-totalité des pays européens, le taux de précarité se situe entre 15 et 20% de la population.

Et qu’est-ce qu’on fera cet hiver ? Bien sûr, nous exprimerons notre indignation lorsque les premiers SDF mourront de froid, lorsque des personnes désespérées se donneront la mort parce qu’elles n’en peuvent plus. Oui, on s’indignera et on posera la question : « Comment est-ce possible ? ». Et on applaudira des deux mains ces équipes qui sillonneront nos villes la nuit, apportant sacs de couchage, une boisson chaude ou un sandwich à ceux qui doivent mobiliser des énergies surhumains pour ne pas se laisser mourir pendant ces nuits froides et interminables.

L’accueil des SDF ne fonctionne pas très bien, la demande de logements dépasse de loin l’offre et de nombreuses associations caritatives voient leurs subventions corrigées à la baisse, limitant encore davantage les possibilités d’intervention.

Pendant la période des fêtes de fin d’année qui commence, de nombreuses personnes font un geste, ressentent de la compassion. Pourtant, le problème se situe au niveau politique, où les responsables ne voient pas de « plus-value » dans des actions en faveur d’une population qui de toute manière, ne participe pas aux élections. Mais cette précarité ne fait qu’ajouter à la grogne de toute une frange de la population qui conteste de manière de plus en plus virulente que la vie n’est agréable que pour ceux qui ont des revenus importants.

Qu’aucun responsable politique ne verse des larmes de crocodile lorsque les premiers SDF morts de froid apparaîtront dans les médias cet hiver. Ces drames humains pourraient être évités si la main publique investissait dans des structures d’accueil dignes.

Et si, c’est possible. Dans la ville de Freiburg, on a transformé des petits appartements en Algeco qui avaient servi à l’accueil des réfugiés dans les années 2015 à 2018, en logements pour sans-abris qui y trouvent un toit sur la tête, la possibilité de se laver, de vivre une vie toujours précaire, mais sans courir le risque de mourir de froid pendant ces nuits glaciales. Cela a coûté de l’argent et on ne peut que féliciter les responsables de la ville, en première ligne le maire adjoint aux Affaires sociales Ulrich von Kirchbach, d’avoir défini les bonnes priorités.

Mais à un moment où on sacrifie tout sur l’autel des intérêts des actionnaires et des grands capitaux, à un moment où on dépense des sommes pharaoniques pour des armes et l’équipement des armées, à un moment où la haute société s’apprête à un marathon des buffets de la fin d’année, il est tout simplement indécent de laisser crever des êtres humains dans le froid. Mais ça, c’est exactement ce qui va se passer cet hiver, comme l’hiver précédent, comme l’hiver prochain. Et chaque mort dans la rue représente la honte d’une société qui paie les homards et le champagne à un François de Rugy, mais qui ne dépense pas grand chose lorsqu’il s’agit d’aider les plus démunis, les rejetés de notre société de consommation.

1 Kommentar zu La précarité tue

  1. il faut vraiment réguler les contrats courts trop abusifs : pour toute la société, la précarité de l’emploi engendré par ces emplois très courts ou indépendants plus ou moins fictifs constitue un facteur de risque supplémentaire aussi bien physique que psychologique : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/psychologie-du-travail/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=163&dossid=552

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