La Presa de Aldeadávila, plus qu’un simple barrage

Mégastructure stalinienne construite par le pouvoir fasciste, ce barrage hydro-électrique a un caractère unique.

Enchâssé dans un canyon granitique, le barrage de Aldeadávila donne le vertige à plus d'un titre. Foto: Txo / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Beaucoup ont vu le barrage de Aldeadávila, connu aussi sous le nom de Salto de Aldeadávila, sans s’être jamais rendu sur cette section de la frontière hispano-portugaise matérialisée sur 122 km par le Duero, qui devient du côté portugais Douro, avant de filer vers Porto. Choisi comme site de tournage de plusieurs séries et films espagnols, il a aussi été le théâtre de scènes de « Terminator : Dark Fate » en 2019 et de l’ouverture de « Docteur Jivago » en 1965.

Son inauguration eut lieu en 1964, soit deux ans après sa mise en service, réunissant alors le dictateur fasciste Francisco Franco (1892-1975) et le président nationaliste fascisant António de Oliveira Salazar (1889-1970), mais aussi, entre autres officiels, Pedro de Careaga et Baseabe président d’Iberduero, entreprise fondée en 1944 suite à la fusion de Hidroeléctrica Ibérica et Saltos del Duero, pour devenir en 1992 Iberola de par sa fusion avec Hidroeléctrica Española.

Cette mégastructure faisant penser aux infrastructures colossales des pays du Bloc de l’Est, était alors le barrage le plus puissant d’Europe de l’Ouest, en termes de capacité de production électrique. Équipé de deux centrales électriques créées en 1962 et 1986, il produit actuellement 2.400 Gwh/an pour une puissance installée de 718 MW (Aldeadávila 1) et 421 MW (Aldeadávila 2). Appartenant à la société Iberdrola, il est le plus productif d’Espagne car il assure 10% de la production hydro-électrique du pays, en alimentant 250.000 foyers.

Installé dans le plus grand canyon de la Péninsule Ibérique, le barrage d’une hauteur de près de 140 mètres créé un plan d’eau de 3,64 km². La structure granitique de la roche est une garantie de solidité pour cet ouvrage dont le couronnement fait 333 mètres. A titre de comparaison, à la confluence de l’Ubaye et de la Durance, le Barrage de Serre-Ponçon mis en service en 1960, produit annuellement 700 GWh pour une puissance installée de 380 MW et la surface du lac artificiel créé est de… 28,2 km2.

En 1987, un an après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, un projet nommé « Installation Pilote Expérimentale Souterraine (IPES) », envisageait d’expérimenter le stockage de matières radioactives dans certaines galeries du barrage de Aldeadávila, afin d’en étudier la réaction des roches les composant. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un cimetière nucléaire, mais de l’expérimentation à la réalisation des étapes pouvant échapper au contrôle citoyen, d’importantes mobilisations accompagnées de quelques actes violents ont stoppé la création même du laboratoire. La Communauté Économique Européenne (CEE) était alors partie prenante dans près d’un tiers du financement de ce projet.

Le plan d’eau du barrage de Aldeadávila se trouve dans le Parque Natural des Arribes del Duero côté espagnol et le Parque Natural du Douro Internacional côté portugais, tous deux réunis dans la réserve de biosphère nommée Meseta Ibérica, suite à son classement par l’UNESC0 en 2018. Un catamaran permettant d’embarquer 120 personnes, effectue une croisière a vocation didactique, au cours de laquelle les écosystèmes sont expliqués et la faune observée.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste