La « puff », nouvelle ennemie du ministère de la Santé
Face à la popularité grimpante des puffs notamment chez les jeunes, le gouvernement français ne compte pas rester les bras croisés. Pour protéger les mineurs et l’environnement de ces cigarettes électroniques jetables, le ministère de la Santé travaillera à leur interdiction dans le cadre de la préparation du prochain plan tabac 2023-2028.
(Emma Kuhn) – « Je suis favorable à l’interdiction des cigarettes électroniques ‘puffs’, parce qu’elles amènent une partie jeune de notre population vers le tabagisme, qui est un fléau », a déclaré François Braun, le ministre français de la Santé, dans la matinale de France Inter mercredi 3 mai.
Bien que la consommation de tabac soit en baisse chez les jeunes, ce n’est pas le cas de la e-cigarette, dont l’usage ne cesse d’augmenter. Parmi ces cigarettes électroniques, la puff est très prisée. Mais qu’est-ce donc ? C’est cette vapoteuse à usage unique, arrivée sur le marché français courant 2021, qui fait un tabac auprès des adolescents. Selon une enquête de l’ACT-Alliance contre le tabac parue en octobre 2022, en France, 1 adolescent sur 10 a déjà essayé ce type d’e-cigarette. Rien d’étonnant : elles sont faciles d’accès et d’utilisation, leur prix est abordable, leur packaging est attirant et un grand nombre d’arômes divers et variés sont proposés, comme barbe à papa, glace à la fraise, cola… 61% des adolescents interrogés (âgés de 13 à 16 ans) par l’Alliance contre le tabac affirment d’ailleurs que la puff permet de découvrir des goûts originaux. De quoi plaire aux jeunes, bien que la vente leur soit interdite.
Au mois de mars, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a réalisé une enquête visant à déterminer l’usage des drogues chez les jeunes de 17 ans. Les données concernant la cigarette électronique sont les suivantes : entre 2017 et 2022, son expérimentation est passée de 52,4% à 56,9% et son usage quotidien a triplé, progressant de 1,9% à 6,2%. L’utilisation de la e-cigarette à 17 ans est ainsi en nette progression et dépasse, pour la première fois, celle de la cigarette de tabac. Ce n’est pourtant pas une consommation plus saine : le taux de nicotine de la puff peut aller jusqu’à 20 milligrammes par millilitre, un dosage assez élevé permettant la création d’une dépendance.
Si la puff représente un danger pour les adolescents, elle en est également un pour l’environnement. Fabriquée en plastique et contenant une batterie au lithium, la puff est très polluante. Elle est « un déchet supplémentaire qui vient s’ajouter aux 4 500 milliards de mégots jetés chaque année dans la nature », souligne l’Alliance contre le tabac.
Dans une tribune parue dans le journal Le Monde, un collectif d’une vingtaine de médecins, tabacologues et défenseurs de l’environnement, ont appelé à interdire d’« urgence » les puffs. Ces dernières sont un « fléau environnemental et sanitaire », selon le collectif. A l’étranger, plusieurs Etats membres de l’Union européenne comme l’Allemagne, la Belgique ou encore l’Irlande, ont déjà entamé un processus législatif pour interdire ces vapoteuses. « La France doit impérativement suivre le même chemin », jugent les auteurs de la tribune.
En France, le tabagisme cause 75 000 décès chaque année, a rappelé François Braun. Afin de lutter contre cette forme de vapotage, le ministre compte ainsi travailler avec les parlementaires sur l’interdiction de la vente de puffs, dans le cadre de la préparation du prochain plan tabac 2023-2028.
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