La renaissance de Monforte

Une centrale hydro-électrique va reprendre le service à La Gomera, grâce à des fonds européens.

La « Valle de Hermigua », une luxuriante vallée où il fait bon vivre. Foto: Oliver Raupach / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(Jean-Marc Claus) – Pour certaines d’entre-elles, victimes du tourisme de masses, les sept îles des Canaries n’ont pas les mêmes approches des enjeux écologiques. Sauvée par l’intervention du plasticien César Manrique dans les années 1970, Lanzarote a tiré son épingle du jeu en limitant l’urbanisation et en revenant au concepts architecturaux originels. El Hiero, elle, parvient à l’indépendance énergétique grâce à des choix ambitieux. La Gomera, appelée « die grüne Insel » par beaucoup d ‘Allemands, tient un peu des deux.

D’une topographie très accidentée, et donc peu propice à l’étalement sur les plages, cette île est également préservée du tourisme de masse par des choix urbanistiques interdisant la construction d’hôtel-buildings. La gestion rationnelle de la ressource en eau ne date pas d’hier, et si l’indépendance énergétique n’est pas encore atteinte, le gouvernement local (« Cabildo Insular ») ne renonce pas à développer des moyens de production d’énergie verte.

C’est là qu’intervient l’Union Européenne qui, comme pour la recherche en vue de cultiver des bananes sans utiliser de matières plastiques, apporte des subventions arrivant à point nommé. Ainsi, la municipalité d’Hermigua, soutenue par une subvention d’1,5 million d’euros, peut maintenant se lancer dans la restauration d’une centrale hydro-électrique abandonnée depuis les années 1970 au profit de centrales thermiques.

Progrès phénoménal au début du 20e siècle, le projet Monforte validé en 1913 et concrétisé en 1927, assurait la production d’électricité propre pour approvisionner Hermigua, comptant environ 5.000 habitants à l’ouverture de la centrale, ainsi que plusieurs localités voisines. La population de la ville approchant les 6.000 habitants en 1940, une centrale thermique lui fut associée dès 1933, pour augmenter sa capacité de 90.000 à 120.000 kW. Historiquement, cette unité de production a joué un grand rôle dans le développement de l’île, et notamment dans celui de sa capitale San Sebástian de la Gomera.

Située dans la vallée la plus riche en eau de l’île, Monforte est alimentée par la cascade « El Chorro del Cedro » faisant un bond de 150 mètres depuis le hameau d’El Cedro, aujourd’hui bien connu des randonneurs pour son incontournable auberge servant un excellent potage au cresson (Sopa de Berros). Captée pour l’irrigation des cultures, l’eau de la cascade va être en partie détournée vers la centrale une fois celle-ci restaurée et, comme l’a souligné Yordan Piñero, le maire d’Hermigua, redirigée sans dommages vers son cours.

L’île est dotée d’un Conseil Insulaire de l’Eau (Consejo Insular de Agua), instance apte à valider ou invalider un tel projet. Ce qui donne à la réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Monforte une dimension communautaire, et lui confère un caractère de service public. Les 1,5 millions d’euros versés par l’Union Européenne seront dont dépensés à bon escient. Un exemple dont gagneraient à s’inspirer les instances gouvernant de nombreuses régions et pays européens…

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