La réponse du berger à la bergère – la Russie ferme le robinet

L’annonce de la fin de la construction du gazoduc «South Stream» n’est non seulement la réaction russe sur les sanctions européennes, mais également le début de toute autre chose.

Le gazoduc inférieur, "South Stream", ne sera pas construit. La Russie livrera son gaz naturel à la Chine. Foto: European Countries Map / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – L’équilibre mondial est en train de se modifier. En direction de l’est, en direction Asie. L’annonce de la fermeture du chantier du gazoduc «South Stream» a une signification à plusieurs niveaux.

Le gazoduc «South Stream» était prévu pour alimenter l’Europe de l’Ouest en gaz, en contournant l’Ukraine. Selon Poutine, le fautif serait la Bulgarie. Peu crédible qu’un état-membre de l’UE agissent de la sorte. L’arrêt de ce projet comporte deux composantes majeures que nous refusons encore de voir en Europe.

La première étant la réaction russe aux sanctions européennes. Il aurait été naïf de penser que la Russie accepte ces sanctions sans réagir. La deuxième, plus importante sur un niveau géopolitique, est l’émergence des états BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui domineront le monde demain.

Avons-nous oublié le deal entre la Russie et la Chine, conclu en automne ? Est-ce que nous ne prenons pas ces évolutions au sérieux ? Force est de constater que ce deal, le plus grand jamais conclu portant sur plus de 400 milliards de dollars, assurera à la Chine l’approvisionnement en gaz naturel pour pouvoir doper son évolution économique. Dès que la gazoduc entre la Russie et la Chine (projet de 70 milliards de dollars) sera terminé, la Russie n’a plus besoin de vendre son gaz naturel en Europe – la Chine prendra tout. Donc, l’arrêt des travaux sur «South Stream» n’est que le prélude d’une changement radical de la géopolitique.

Une chose est claire – le seul moyen pour assurer de manière pérenne les besoins énergétiques en Europe, sont les énergies renouvelables. Mais tant que les lobbys des géants de ce secteur exercent une telle pression sur les gouvernement que même la fermeture d’une pauvre petite centrale comme Fessenheim relève de l’impossible, nous nous dirigeons dans une mauvaise direction.

Le groupe allemand E.On, lui, a déjà changé sa stratégie en annonçant qu’il allait se séparer de ses activités charbon, gaz et nucléaire, pour se concentrer désormais exclusivement sur les énergies renouvelables.

Le monde est en train de changer – et la grande question est : est-ce que nos responsables ont vraiment compris cela ? La combinaison Chine-Russie représentera un poids énorme. A l’Europe d’en tirer les bonnes conclusions.

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