La reprise (2)

Aujourd'hui, présentation de la première des trois enseignes que nous allons suivre ces prochains mois dans leurs efforts de revenir à une situation comparable à celle avant la crise Covid.

Des perspectives peu mirobolantes, mais les époux Zucker sont déterminés à se battre... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le petit magasin « Blanc du Nil » qui vend des habits d’été sur la Place de la Cathédrale à Strasbourg, est la première des trois enseignes que nous suivrons, semaine après semaine, dans leurs efforts de relancer leurs affaires. Les deux autres sont le « Münsterstübel », un restaurant typiquement alsacien, et l’Hôtel de la Cathédrale, juste en face de ce symbole strasbourgeois.

La boutique « Blanc du Nil » tourne depuis 2011 et il ouvre 7 mois dans l’année – avec des produits clairement estivaux, cela se comprend facilement. Avec un chiffre d’affaires d’environ 120 000 € sur ces 7 mois, la boutique fait partie de ces enseignes qui se battent maintenant pour la survie.

« Le samedi 14 mars, à l’annonce du confinement, nous avons changé de couleur », confie Jacques Zucker, dont la femme Marie gère la boutique. « Il y a les charges, le loyer, la marchandise commandée ; et à la réouverture du magasin au mois de juin, on a immédiatement senti l’absence de touristes étrangers. La Rue des Maroquins, normalement noire de monde à cette époque de l’année, était vide… » Ainsi, « Blanc du Nil » souffre comme tous les restaurateurs, boutiques et hôtels dans ce secteur du centre-ville strasbourgeois, de la lenteur de la reprise. « Nous avons peut-être 15% de clients allemands », raconte Jacques Zucker, « et le reste, ce sont des touristes français ». Peu étonnant à un moment où les touristes venant de pays hors Europe ne sont toujours pas autorisés de revenir en Europe.

Et les aides ? Est-ce que le Président de la République n’avait pas annoncé que « personne n’allait rester en rade » ? « Nous avons touché les fameux 1500 €, et obtenu un report des charges de l’URSSAF. Notre propriétaire ne voulait pas discuter du loyer, mais avec un report des charges, on ne fait que prolonger notre mise à mort. La saison 2020 est loupée, et devoir payer plus tard, sans avoir la possibilité de dégager des bénéfices suffisants pour rembourser un moment donné ces reports, cela est totalement irréaliste », explique Jacques Zucker.

En l’absence de touristes internationaux, absence qui est palpable au centre ville strasbourgeois, il ne reste que des actions pour augmenter l’attractivité de l’Alsace et de Strasbourg en France et dans les pays limitrophes. « Des villes comme Nantes et Bordeaux investissent des millions d’euros dans des campagnes d’attractivité, ciblant la clientèle qui peut se déplacer dans ces villes. Il faudrait absolument que l’Office de Tourisme strasbourgeois fasse pareil et qu’on fasse vivre davantage le centre ville. De nombreux emplois en dépendent… ».

En attendant, la marque « Blanc du Nil » a décidé de mener une opération au niveau national. Tous les produits en boutique sont vendus à 25€, même si la quasi-totalité de ces produits sont vendus normalement beaucoup plus cher. « On travaille actuellement pour le chiffre d’affaires, mais sans pouvoir dégager un bénéfice. Oui, on écoule le stock, mais cela ne suffit même pas pour se payer un salaire… », dit Jacques Zucker.

Alors, les solutions ? Pour Jacques Zucker, pas question de baisser les bras. « Tous les acteurs institutionnels doivent se mobiliser maintenant, il s’agit de la survie du centre ville strasbourgeois et de nombreux emplois qui nourrissent des familles des salariés. C’est maintenant qu’il faut tout mettre en œuvre pour faire revenir les touristes à Strasbourg ! »

Et où puise-t-il son optimisme dans cette période difficile ? « C’est mon épouse Marie qui me motive tous les jours par son attitude positive et son courage exceptionnel », dit Jacques Zucker, « mais également le fait de me rendre compte qu’au centre ville, nous sommes tous dans la même galère et il y a une belle solidarité qui s’installe parmi nos voisins et collègues. »

Est-ce que cela sera suffisant ? On le saura dans quelques mois. D’ici là, nous vous parlerons toutes les semaines de l’évolution chez « Blanc du Nil », au « Münsterstübel » et à l’Hôtel de la Cathédrale. En croisant les doigts que tout le monde sorte indemne de cette crise sans précédent.

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