La reprise (34)

La relance économique sera pour plus tard. Les trois enseignes que nous avons suivi dès le premier déconfinement au mois de mai, sont fermées. Quelle est la situation aujourd'hui ?

Yannick Garzennec, patron du "Muensterstuewel", est venu dans nos bureaux pour une interview. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Ils étaient optimistes, déterminés, travailleurs. Les trois enseignes strasbourgeoises que nous avions suivi dès le premier déconfinement, le « Muensterstuewel », le « Blanc du Nil » et « l’Hôtel de la Cathédrale », sont fermées. Mais que font les entrepreneurs derrière ces enseignes, que font leurs équipes, et quelles sont les perspectives ? Interview avec Yannick Garzennec, le patron du « Muensterstuewel ».

Yannick Garzennec, vos six restaurants sont fermées, comment allez-vous et comment vont vos équipes ?

Yannick Garzennec : Nous faisons notre possible pour garder la tête haute. Nous nous trouvons tous dans une situation inédite, une situation assez chaotique que plus personne ne comprend. Aujourd’hui, en dehors des problèmes d’ordre économique, il faut aussi mobiliser des forces pour ne pas céder à la morosité ambiante. Et c’est ce que nous faisons ces jours-ci…

Ce qui veut dire concrètement ?

YG : Nous avons lancé un grand programme de formation et de qualification pour les salariés dans nos six établissements. Heureusement, il y a encore des budgets pour la formation continue et nous travaillons sur les compétences de nos collaborateurs. Et considérant que ce confinement risque de durer encore un bon moment, nous proposons dès la semaine prochaine, un service de livraison.

Et comment vivez-vous personnellement cette situation inédite ?

YG : Vous savez, je ne suis pas seulement entrepreneur, je suis aussi citoyen. Je comprends parfaitement que cette pandémie doit être combattue là où elle se propage et malheureusement, les endroits clos, donc aussi les restaurants, sont les endroits où ce virus se transmet le plus facilement et ce, malgré tous les efforts sanitaires que nous pouvons mettre en œuvre. Si les mesures décidées peuvent se comprendre, il sera primordial d’accompagner les structures concernées pour éviter des drames.

Justement, comment se présentent les aides de l’état pour vous ? On se souvient de cette belle phrase « on ne laissera personne en rade… » ?

YG : Aujourd’hui, hormis le chômage partiel, nous n’avons rien reçu. Ceci dit, le chômage partiel est l’instrument qui nous a permis pour l’instant d’éviter des licenciements. Sinon, j’ai obtenu un prêt bancaire, mais qui dit crédit, dit aussi remboursement. Donc, concrètement, nos dettes s’accumulent à un moment où nous ne réalisons pas de chiffre d’affaires, tandis que les charges ne diminuent pas. Ceci constitue pour nous un vrai coup de frein, nous ne sommes pas en mesure de travailler sur notre développement, nous ne pouvons pas investir et donc, faire travailler d’autres. Derrière chaque enseigne mise à l’arrêt, il y a toute une chaîne d’autres structures qui sont également affectées.

Combien de temps pourriez-vous tenir dans ces conditions ?

YG : Je ne pense pas une seconde à la possibilité que nous puissions nous effondrer. Mais je suis conscient que nous comptons encore parmi les privilégiés – de nombreuses enseignes plus petites ne survivront pas à cette crise. Nous avons pu préparer ce deuxième confinement, nous essayons de vivre dans le présent, sans trop nous aventurer dans des projections d’avenir. En attendant, tout ce que nous pouvons faire, c’est d’être sérieux dans notre travail et de nous adapter à ce que le gouvernement décidera ces prochains jours.

Et votre service de livraison ?

YG : Ce service que nous lançons dès maintenant, fait partie des éléments qui nous permettent de tenir. Comme d’autres, nous avons besoin de continuer à exercer notre métier, de servir nos clients, de donner un sens à notre travail. En effet, nous allons tout mettre en œuvre pour pouvoir tenir par ce biais et de rester proches de notre clientèle. En attendant la sortie de cette crise. Mais il faut être réaliste, la sortie de cette crise n’est pas pour demain. Gardons l’espoir, gardons notre rythme de vie, gardons notre optimisme – des jours meilleurs viendront !

Yannick Garzennec, merci pour cet entretien !

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