La reprise (4)

Aujourd'hui, nous vous présentons la troisième enseigne de celles que nous allons suivre ces prochains mois sur leur voie vers la normalité. Le « Münsterstübel » au centre ville strasbourgeois était durement touché.

Le "Münsterstübel" à Strasbourg fait partie des enseignes que nous accompagnerons ces prochains mois. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Yannick Garsennec a l’air fatigué. Lui-même atteint pendant plusieurs semaines par le SARS-CoV-2 aux mois de mars et avril, il se bat comme beaucoup de personnes contre les séquelles du coronavirus, notamment contre cette grande fatigue dont parlent des milliers de personnes touchées en France et ce, malgré le fait qu’elles soient considérées comme « guéries ». Donc, l’ancien rugbyman Yannick Garsennec se bat sur deux fronts : d’une part, il doit retrouver sa forme, et d’autre part, il veut sauver le « Münsterstübel » avec ses 40 employé.e.s et son chiffre d’affaires qui était d’environ 1,2 millions d’euros en 2019.

« Le 14 mars », raconte Yannick Garsennec, « nous avons appris la nouvelle du confinement le soir en plein service. Même si on avait un mauvais pressentiment, puisque la fréquentation du restaurant avait dramatiquement baissé déjà au début du mois de mars, il fallait immédiatement réagir. D’abord, il s’agissait de rassurer le personnel, ensuite il fallait s’occuper du plus urgent, à savoir les denrées périssables. Le soir même, nous avons distribué quasiment tous les produits frais à notre personnel, ensuite nous avons donné beaucoup d’aliments dans le cadre d’une action charitable. Il fallait se comporter de manière responsable, on n’avait même pas le temps de penser à nous-mêmes ».

Le chômage partiel a sauvé les équipes pendant ce temps, même s’il fallait attendre un mois avant qu’il n’ait été officiellement accordé – « le premier trou dans notre trésorerie », souligne Yannick Garsennec. Le « Münsterstübel » a également bénéficié d’un report des charges, mais qui dit « report », dit « crédit à rembourser plus tard ». Ce qui fait dire à l’exploitant de ce restaurant traditionnel strasbourgeois : « Il nous faudra 2 ou 3 ans avant de pouvoir retrouver le niveau d’affaires d’avant la crise sanitaire. »

Néanmoins et malgré les pressions variées et multiples, Yannick Garsennec reste optimiste. « Vous savez, le signe chinois qui veut dire ‘crise’ est composé de deux signes – l’un veut dire ‘problème’, l’autre ‘opportunité’. La crise aura eu comme effet positif de souder nos équipes, et heureusement, j’étais très bien entouré par ma femme, par mes amis et partenaires ; et c’est ce soutien qui m’a permis de continuer sur ma lancée. »

Comme d’autres enseignes au centre ville strasbourgeois, le « Münsterstübel » s’est vite adapté à la réouverture. « On a compris qu’il fallait davantage cibler la clientèle alsacienne, car il se passera du temps avant que les touristes reviennent massivement en Alsace. Nous avons donc réduit sensiblement la carte, on l’a adapté au palais alsacien et nous avons sélectionné de nouveaux fournisseurs régionaux capables de nous fournir des produits frais et produits localement, et ce, selon les quantités variables dont nous avons besoin. »

Et à titre personnel ? « Dans une telle situation », dit Yannick Garsennec, « tu mesures ta responsabilité. D’une part, une responsabilité envers nos salarié.e.s, d’autre part une responsabilité pour les investissements opérés dans ce restaurant, et ensuite, la responsabilité pour toi-même, ta famille et tes amis. La situation est grave, et elle sera encore pire sous peu – mais nous sommes déterminés à nous battre de toutes nos forces. »

C’est là qu’on reconnaît l’ancien rugbyman – qui relève, comme ses collègues du centre ville strasbourgeois, le défi du retour à la normalité.

La semaine prochaine vous verrez, dans le cadre de cette série, comment les touristes commencent timidement à revenir à Strasbourg. Est-ce que ce sera suffisant ? Quelles mesures doivent être prises pour raviver le centre-ville de Strasbourg ?

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