La reprise (41) – « Ce sera difficile… »

Interview avec Jacques Zucker, dans le cadre de notre série qui tourne depuis le mois de mai 2020 et qui est censée documenter la reprise des activités économiques au centre-ville de Strasbourg.

Jacques Zucker devant la boutique "Blanc de Nil" fermée. Le centre-ville de Strasbourg est toujours en hibernation forcée... Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Qui l’eut cru au mois de mai 2020, lorsque le premier confinement s’était terminé et tout le monde pensait que la reprise des activités économiques (et autres) allait s’opérer ! Aujourd’hui, un an après la fermeture de la frontière franco-allemande, la situation s’est empirée et on ne voit pas vraiment le bout du tunnel. Depuis ce mois de mai 2020, Eurojournalist(e) suit trois enseignes du centre-ville strasbourgeois, l’Hôtel de la Cathédrale, le Muensterstuewel et la boutique Blanc de Nil. Mais au lieu de documenter la reprise de leurs activités, cette série documente aujourd’hui les difficultés de ces trois enseignes et la pression sous laquelle vivent les responsables de ces trois enseignes. Aujourd’hui : interview avec Jacques Zucker, qui gère avec sa femme Marie la boutique Blanc du Nil.

Monsieur Zucker, je suppose que votre boutique est toujours fermée…

Jacques Zucker : Oui, la boutique est fermée depuis Décembre dernier et elle le restera jusqu’à ce que Paris nous autorise la réouverture et de toute manière, tant qu’il n’y a pas de touristes, le centre-ville autour de la Cathédrale, est dépeuplé. Il reste une boutique de souvenir qui est encore ouverte, mais là aussi, la boutique reste vide toute la journée. Tant que les frontières sont fermées aux touristes, tant que les compagnies aériennes n’ont pas repris leur service normal, ça restera difficile.

Vous avez touché des aides de l’état et vous en touchez encore ?

JZ : En effet, nous touchons 1500 € par mois, mais cette aide, aussi bienvenue qu’elle soit, ne couvre en rien nos frais réels.

Vous pouvez chiffrer vos pertes depuis le début de la pandémie ?

JZ : Je ne peux pas vous donner de chiffre exact, mais nos pertes s’accumulent à environ 120 000 € depuis le début de la pandémie.

Et comment envisagez-vous l’avenir de votre boutique ?

JZ : Avec l’ouverture du nouveau centre commercial à Mundolsheim, la situation pour les commerçants du centre-ville devient catastrophique. Lorsque vous vous baladez au centre-ville de Strasbourg et vous voyez toutes les boutiques qui ont déjà mis la clé sous la porte, il est évident comment ça va se passer par la suite. Les boutiques les mieux situées seront reprises par des grandes marques internationales et on assistera à une sorte de formatage des centres des villes et ce, pas seulement à Strasbourg.

Dans une telle situation inédite, comment gérez-vous la situation à titre personnel ?

JZ : On gère parce que nous sommes un couple soudé et mon épouse Marie gère cette situation de main de maître. Ceci dit, on s’en sort avec de grosses égratignures. Vous avez pu constater par vous-même l’été dernier à quel point cette reprise était pénible à beaucoup d’égards. Mais nous gardons espoir – j’ai la chance que ma femme soit une vraie battante qui ne se laisse pas entraîner dans cette morosité qui marque aujourd’hui le centre-ville de Strasbourg. Donc, on garde la tête haute et – l’espoir meurt en dernier…

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