La résilience allemande

Pendant que le monde politique est en train de s'approcher de l'extrême-droite, les Allemands et Allemandes vont manifester. Parce que les citoyens et citoyennes ne souhaitent pas le retour des fascistes.

Les "mémés contre la droite" ont tout compris - contrairement aux partis politiques. Foto: ScS EJ

(KL) – Le problème politique en Thuringe n’est toujours pas résolu, et l’extrême-droite AfD continue à se délecter du chaos qu’elle a créé. La CDU et le FDP ne savent toujours pas comment se positionner ; et pendant que les partis peinent à trouver une position claire vis-à-vis un parti dirigé, en Thuringe, par le fasciste Björn Höcke, la population s’exprime clairement. Ce week-end, de milliers de personnes ont manifesté partout en Allemagne contre cette montée de l’extrême-droite, mais aussi contre la position peu claire des anciens grands partis face à cette menace pour la démocratie.

Vendredi, la police allemande a arrêté 12 personnes qui formaient une cellule terroriste néo-nazie qui s’appelait « Le noyau dur » – et qui avait planifié des attentats sur des responsables politiques, des immigrés, des structures d’accueil de réfugiés. Pendant que le monde politique continue à refuser de voir la connexion entre le néo-fascisme de l’AfD et la montée de groupes néo-nazis violents, les citoyens et citoyennes, eux, ont tout compris.

Les anciens grands partis sont visiblement dépassés par cette évolution et réagissent de manière totalement inadaptée. Pendant que les uns estiment qu’il ne fallait pas stigmatiser l’électorat de l’AfD, les autres refusent de participer déjà à résoudre le problème en Thuringe. Pardon ? Il ne faut pas stigmatiser l’électorat de l’AfD ? Il ne faut pas stigmatiser un parti néo-fasciste qui fait tout pour s’approcher du pouvoir ? Au contraire : il convient parfaitement de stigmatiser ceux qui soutiennent un « remake » des années 30 du siècle dernier en Allemagne ! Courtiser des électeurs néo-fascistes, cela ne peut pas être la réponse au chaos que les partis traditionnels ont déclenché en Allemagne !

Mais les stratèges des centrales berlinoises ont tout faux : ce seront les citoyens et citoyennes qui décideront de la suite. Et cette suite ne s’annonce pas rose pour ces partis qui ne comprennent plus le monde d’aujourd’hui. CDU et FDP ne cessent de baisser dans les sondages, l’AfD reste stable, tout comme les Verts, et le SPD et Die Linke ont le vent en poupe.

Le refus d’assister les bras croisés à cette montée du néo-fascisme gagne aujourd’hui toute l’Allemagne. Il y a un consensus dans la société allemande qui refuse de voir le pays tomber une deuxième fois entre les mains d’une extrême-droite haineuse et violente. Les partis qui ne comprennent pas cela disparaîtront de la scène politique. Mais il est tout de même incroyable que plusieurs partis démocratiques n’arrivent pas à trouver une ligne de conduite claire face à cette menace du néo-fascisme montant en Allemagne. 75 ans après la fin du nazisme, il est triste de constater que certains partis n’ont rien appris de cette catastrophe et qu’ils seraient prêts à jouer une nouvelle fois avec le feu. Mais cette fois, ce ne sera pas la démocratie allemande qui sera abolie, mais ce seront les partis qui tentent de profiter de cette situation qui disparaîtront. L’Allemagne 2020 n’est plus l’Allemagne 1931. Heureusement.

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