La Russie et la Chine font de yeux doux à la Grèce

L'UE se montre surprise que la Grèce songe à accepter des aides financières de la Russie et de la Chine.

Est-ce que la Grèce devient une tête de pont des états BRICS ? Foto: Mstyslav Chernov / WIkimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – L’UE a du mal à gérer la situation en Grèce. Depuis l’élection du nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras, les institutions européennes menacent Athènes de couper les vivres – à Berlin, Londres et Bruxelles, on discute le «Grexit», la sortie de la Grèce de la zone Euro. Or, Tsipras avait souligné que la Grèce ne souhaitait pas quitter l’Euro. Face à l’instransigeance européenne, il ne faut pas s’étonner que la Russie et la Chine aient proposé des aides financières à la Grèce et il est quelque part logique que le gouvernement à Athènes réfléchit sérieusement à les accepter. L’UE s’attend à quoi ? A ce que Tsipras regarde, les bras croisés, le peuple grec sombrer dans la misère ? L’Europe se trouve maintenant à un carrefour.

Vladimir Poutine doit se frotter les mains. Il suffit de mettre un chèque sur la table pour déstabiliser l’Union Européenne, cette même Union Européenne qui pensait pouvoir le déstabiliser lui par ses sanctions. Et à Bruxelles, on s’étonne. Sans se rendre compte qu’il s’agit là d’une démarche des états BRICS qui vise à mettre un pied dans l’UE. L’émergence des états BRICS ne semble pas encore être comprise à Bruxelles et on y sous-estime visiblement le pouvoir politique et économique de cette union entre la Russie, la Chine, le Bresil, l’Inde et l’Afrique du Sud.

Pourtant, il suffit de regarder. La Chine mène, depuis de décennies, une politique aggressive économique dans de nombreux pays, par exemple en Afrique, en ne jamais s’ingérant dans les affaires politiques des pays où elle s’engage. L’ancien géant communiste s’est transformé en un impérialiste économique, tandis qu’elle laisse le soin des affaires politiques à la Russie. Créer une tête de pont au sein de l’UE – voilà qui plaît bien à Poutine, un peu comme la réponse du berger à la bergère.

Avec la proposition d’aides financières, Moscou et Pékin ont offert une bonne position à Alexis Tsipras. Qui lui, peut maintenant mieux négocier avec Bruxelles. Son «nous évaluons ces propositions, toutefois, nous préférons trouver un accord avec l’UE» devrait faire sonner les cloches à Bruxelles. L’existence de ces propositions a d’ailleurs été confirmée par le Ministre des Affaires adjoint Nikos Chountis.

Son patron, Nikos Kotzias est parti à Moscou hier – le jour même d’une réunion des ministres de finance de la zone Euro à Bruxelles. Mais ce qui est considéré comme un «chantage» par Bruxelles, est la tentative d’Athènes de trouver des solutions pour le peuple grec – fin Février, le programme de soutien européen actuel se termine et Tsipras doit trouver des solutions pour éviter le dépôt de bilan de son nouveau gouvernement. Il semble assez logique que Tsipras n’attende pas que l’Europe le pousse à éteindre les lumières dans son pays – et la Russie et la Chine peuvent semer la discorde dans l’UE à un prix dérisoire.

L’UE a le choix. Soit, elle permet à Tsipras de mener une autre politique en Grèce, en acceptant que les «marchés financiers» y perdent un terrain de spéculation intéressant, soit on pousse la Grèce dans les bras des états BRICS. Délicat – personne ne peut obliger la Grece à quitter la zone Euro – mais si la Grece s’en sort grâce à de l’argent russe et chinois, il faudra également accepter que désormais, les intérêts russes et chinois soient représentés au sein des institutions européennes.

L’UE s’est manoeuvrée dans une situation plus que compliquée – qui nous ramène à la grande question des dernières années : pour qui travaille l’UE ? Pour les banques internationales ou pour les peuples européens. En continuant à travailler pour «l’Europe des Banques», Bruxelles est en train d’organiser l’effondrement de ses propres institutions. La politique d’austérité arrive ainsi à ses limites.

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