La Russie menace la Suède et la Finlande

Viktor Tatarintsev est l'ambassadeur russe en Suède. Selon lui, en cas d'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, les deux pays deviendraient des « cibles légitimes » pour la Russie.

Depuis son ambassade à Stockholm, la Russie menace la Suède et la Finlande. Foto: Håkan Henriksson (Narking) / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – L’escalade de la guerre en Ukraine continue. A Moscou, on voit d’un très mauvais œil la demande d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. Cette adhésion ne dépend plus que du feu vert de la Turquie et celle de la Hongrie, en ce qui concerne la Suède. Après l’annonce du stationnement d’armes nucléaires en Biélorussie, les deux pays scandinaves veulent réaliser leur adhésion à l’OTAN le plus vite possible, car les tensions montent aussi dans cette région de l’Europe.

Sur le site internet de l’ambassade russe en Suède, l’ambassadeur Viktor Tatarintsev a déclaré qu’une adhésion de la Suède constituerait « un pas vers l’abîme », car une adhésion des deux pays scandinaves « doublerait la longueur de la frontière entre la Russie et l’OTAN ». Les deux pays devraient être conscients que cela pourrait donner lieu à des mesures de rétorsion, y compris de nature militaire.

Pourtant, l’adhésion de la Suède et de la Finlande n’est pas encore acquise. Le président turc Erdogan profite de la situation pour obliger les deux pays à extrader des réfugiés kurdes et en ce qui concerne la Suède, la Hongrie hésite encore de donner son feu vert. A se demander si la Turquie et la Hongrie se positionnent plutôt du côté russe que du côté de l’OTAN.

Même si l’armée russe ne serait actuellement pas en mesure d’ouvrir un autre front, celui dans l’est de l’Ukraine lui posant déjà assez de problèmes, la politique dans les deux blocs ne connaît plus qu’une seule stratégie – l’escalade, autant verbale que militaire.

Les démarches diplomatiques sont à l’arrêt, la guerre en Ukraine se trouve aujourd’hui dans une configuration qui ressemble beaucoup à la Ie Guerre Mondiale et les batailles statiques et interminables pour des bouts de terrain, des villages, des routes et d’autres « points stratégiques ».

Maintenant, les armes demandées par l’Ukraine arrivent en Ukraine, les soldats ukrainiens sont formés, et la Russie prépare, évidemment, sa réponse. Mais dans une situation où la Russie risque de se trouver sous pression militaire, qu’est-ce qu’il empêcherait le Kremlin d’utiliser tout son arsenal d’armes, y compris nucléaires ? La raison ? Le « il ne va quand même pas aller aussi loin » ?

En un peu plus d’un an, le monde s’est habitué à cette guerre et toutes ses conséquences. L’Occident emprunte de l’argent pour pouvoir le verser à l’Ukraine, nous sommes en train de transformer nos économies en « économies de guerre » et une seule doctrine a été retenue – il faut gagner militairement contre la Russie. Etonnant que par ailleurs et malgré les sanctions, les pays occidentaux continuent à commercer avec la Russie et ainsi, à remplir la caisse de guerre de Poutine.

Et on continuera encore longtemps comme ça ? Cette guerre a des conséquences graves sur la paix sociale dans les pays occidentaux, nous ne savons plus comment gérer l’inflation et la précarisation d’une partie de la population, tout est axé aujourd’hui sur la guerre en Ukraine. Mais pensons-nous réellement pouvoir anéantir militairement un pays qui dispose d’armes nucléaires et dont les responsables sont assez fous pour les utiliser ? On s’attend à quoi ? Que Poutine fasse un mea culpa pour ensuite retirer ses troupes de l’Ukraine, en promettant d’assumer le coût de la reconstruction du pays ?

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, le monde est arrivé dans une impasse. Et le fait que cette catastrophe profite quand même à des grandes structures financières, laisse songeur. Dommage que l’Union Européenne ne mène même pas une réflexion quant à une stratégie européenne. Mais il est difficile d’admettre que, comme en 1914 et 1939, l’évolution de cette guerre soit sans alternative. Dans une situation où la situation sur le front indique clairement qu’une fin de cette guerre n’est pas en vue, il serait peut-être temps de réfléchir à une démarche visant la paix. Mais la paix ne semble plus intéresser grand monde.

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