La Russie se positionne en leader mondial
En créant une «Banque Mondiale bis» et d'autres structures politico-économiques, la Russie prend les commandes d'une nouvelle super-puissance – les BRICS.
(KL) – Un nouveau bloc politique et économique vient de voir le jour. A Fortaleza au Brésil, les états BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) viennent de créer une nouvelle structure qui pèsera lourd sur l’échiquier mondial. A la tête de cette structure – la Russie de Vladimir Poutine qui affiche des ambitions inquiètantes.
Les états BRICS représentent 26% des la surface de la planète et presque la moitié de la population mondiale. Et maintenant, ils ne veulent pas leur part du geur part du gâteau, mais ils veulent prendre le contrôle de la pâtisserie. En créant leurs propres structures monétaires et financiers, les BRICS se positionnent comme un contrepoids au Fonds Monétaire International (FMI) et même à la Banque Mondiale.
Poutine est un fin tacticien. Ainsi, cette «Banque Mondiale bis» aura son siège à Shanghai, la Chine étant la pièce-maîtresse des plans du président russe. Chaque pays du groupe BRICS injectera 10 milliards de dollars dans cette banque pour lancer les opérations, une augmentation du capital de 50 à 100 milliards de dollars est prévue. Cette banque aura pour mission de financer des projets dans les pays BRICS et dans d’autres pays associés à cette nouvelle structure. De plus, un fonds de réserve, le «Contingent Reserve Arrangement» (CRA) sera doté de 100 milliars de dollars, la Chine assumant 41 milliards, le Brésil, l’Inde et la Russie 18 millards et l’Afrique du Sud 5 milliards.
Sur un plan politique, les BRICS affichent déjà leur forces – ils demandent une réforme des Nations Unis et surtout du Conseil de Sécurité et ce rapidement. Tout le problème commence là. Si on peut parfaitement admettre qu’une telle puissance s’emancipe, l’approche politique ne rassure guère. En vue de leur poids particulier, la Russie et la Chine dominront sans doute ces nouvelles structures, ce qui laisse craindre le pire pour les Droits de l’Homme. Et pour l’économie dans le reste du monde.
En considérant le récent deal entre la Russie et la Chine portant sur des livraisons de gaz naturel (d’une valeur de plus de 400 milliards de dollars), on assiste à l’émergence d’une super-puissance disposant d’importantes ressources dont le reste du monde risque d’être privé une fois la machine en marche.
Si la présidente brésilienne Dilma Rousseff a souligné que les états BRICS «ne cherchaient pas une nouvelle domination, indiquant qu’il ne s’agissait pas d’une alternative aux structures internationales existantes, mais d’un complément destiné à compenser le manque d’investissements dans les pays en émergence», il ne faut pas être dupe. Surtout la demande d’une réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unis traduit l’objectif de la Russie, mais également de la Chine (tous deux d’ailleurs membres permanents du Conseil). Il s’agit, bien entendu, de dominer l’économie mondiale et ce, en ayant le choix des moyens, sans que le Conseil de Sécurité s’arrête sur des résolutions ou même sanctions lors d’actes belliqueux – et cela fait peur.
La création de ces nouvelles structures BRICS constitue un acte historique dont il est encore difficile de mesurer l’impact sur l’échiquier politique mondial. Une chose est certaine – à moyen et long terme, le monde changera et les états occidentaux devront s’accrocher pour ne pas se faire décrocher.
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